Voilà maintenant plus de six mois que les musées, les théâtres, les cinémas, les opéras et les salles de spectacle ont dû fermer leurs portes pour respecter les mesures sanitaires que vous avez prises, souvent de façon illogique et sans perspectives – du moins jusqu'à la semaine dernière : six mois que la vie culturelle est mise sous cloche, que les acteurs du secteur ne peuvent plus travailler, que les amateurs ne peuvent plus répéter et que le public est privé de culture.
Si la réouverture rapide et contrôlée de ces lieux de partage et de découverte est nécessaire pour relancer le secteur culturel professionnel et la consommation de culture des Français, il est aussi nécessaire d'anticiper et de préparer la reprise de la pratique culturelle des amateurs. J'ai d'ailleurs une pensée émue pour ce secteur, qui est la grande victime de la pandémie. Sans une stratégie efficace pour permettre aux associations culturelles de reprendre leurs activités, le Gouvernement prend le risque de voir leur nombre fortement diminuer, entraînant des pertes d'emplois, mais aussi et surtout un effritement du lien social. C'est pourquoi il est essentiel, et même vital, de redonner vigueur à la pratique des amateurs.
La culture en amateur fait vivre la culture en France. Les associations créent une dynamique jusque dans les villages et sont souvent à l'origine des appétences pour les enseignements culturels, surtout auprès des jeunes qui ont terriblement souffert de la pandémie et qui auront du mal à s'en remettre psychologiquement. C'est pourquoi il est tout aussi nécessaire d'ouvrir les cinémas que de permettre aux élus locaux de mettre à disposition leurs salles municipales, qui servent de salles de répétition à l'orchestre d'harmonie du village ou à la troupe de théâtre locale.
Il ne s'agit évidemment pas d'opposer professionnels et amateurs, mais de rappeler qu'il est plus que jamais nécessaire de porter une attention particulière au milieu de la culture des amateurs. J'ai d'ailleurs également une pensée pour les établissements d'enseignement artistique, notamment les écoles de musique : les parents d'élèves ne comprennent pas pourquoi les enfants ne peuvent pas suivre les cours en présentiel alors que les écoles sont ouvertes.
Enfin, je souhaite m'assurer que la stratégie gouvernementale de réouverture des lieux de culture permettra bien la reprise des activités culturelles des amateurs dans les meilleures conditions, ce qui supposera un soutien exceptionnel. Je plaide d'ailleurs pour la constitution d'un fonds d'urgence culturel afin de financer les associations de pratique culturelle en amateur.