Monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les membres du Gouvernement, mesdames et messieurs les députés, avant d'ouvrir les questions au Gouvernement, je vous propose d'interroger notre histoire. Demain, vous le savez, la France commémorera le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte, qui s'est éteint le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène.
Cet anniversaire, depuis quelques mois, donne lieu à de multiples discussions et controverses. Tant mieux, car ces débats prouvent la vitalité démocratique de notre pays ainsi que le goût des Français pour les analyses historiques. C'est au fond la gloire de Napoléon que de pouvoir ainsi susciter tant d'intérêt deux siècles après sa disparition. Nul ne règne innocemment, nul ne réforme un pays sans se faire d'ennemis, et puis il y a de bonnes raisons d'adresser des reproches aux mânes de Napoléon Bonaparte – le rétablissement de l'esclavage, à lui seul, entache gravement sa mémoire. Nous autres, députés, ne pouvons non plus approuver l'homme du 18 brumaire, qui bouscula le Parlement.
Mais reconnaissons que nous lui devons aussi la colonnade du palais Bourbon, qui est devenue aujourd'hui l'emblème de notre démocratie, par l'un de ces détours de l'histoire qui en montre toute la complexité. De même, nous aimons nos lycées, créations de Napoléon, nous respectons nos préfets, la Cour des comptes, le Conseil d'État, la Légion d'honneur, le code civil,…