Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance.
Au moment où je vous parle, les salariés de la branche Steam Power de General Electric retiennent toujours le convoi de départ de l'une des turbines de la centrale anglaise de Hinkley Point. Ce bijou de technologie fait pourtant la fierté de notre pays et celle des salariés qui travaillent dessus, mais ils ont été conduits à cette action forte en raison de la situation de blocage entretenue par leur direction, laquelle refuse de reconsidérer son plan de licenciements.
Lors du rachat de la branche énergie d'Alstom, le projet de General Electric soutenu et voulu par Emmanuel Macron incluait la création de 1 000 emplois nets en France et assurait la maîtrise des activités stratégiques pour notre pays. Depuis ce rachat, non seulement les mille emplois n'ont pas été créés, mais les suppressions d'emplois se succèdent : après les fonctions support et les parties gaz et hydraulique, c'est aujourd'hui la branche Steam Power qui est concernée. Elle est pourtant essentielle à notre souveraineté économique, car c'est elle qui fabrique les composants pour les centrales nucléaires, notamment la turbine Arabelle. Ce nouveau plan va réduire les effectifs du site de Belfort à environ 3 100 salariés, alors qu'ils étaient 4 300 avant le rachat. C'est 28 % de moins. La direction de l'entreprise américaine justifie ce plan par l'arrêt de l'activité charbon, or les salariés concernés travaillent principalement pour l'activité nucléaire.
Depuis trois ans, nous vous alertons sur les risques qui pèsent sur l'avenir de notre parc nucléaire et sur notre capacité à l'entretenir. L'État ne peut pas avoir pour ambition de racheter l'activité nucléaire et, en même temps, ne pas intervenir afin de maintenir les compétences nécessaires pour la faire fonctionner. Dans le courrier qu'il a adressé aux salariés le 27 avril, le ministre de l'économie indique que sa priorité « va naturellement à la préservation des emplois et des compétences sur le site de Belfort, en particulier s'agissant des activités critiques pour notre sécurité d'approvisionnement ». Je le rejoins sur ce point. C'est pour cette raison que les salariés de General Electric, ainsi que les élus locaux et l'ensemble de la population du territoire de Belfort vous demandent aujourd'hui d'intervenir pour que soit mis en place un moratoire sur le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Ce plan doit être remplacé par un plan de gestion prévisionnelle des emplois et de la compétence pour que notre jeunesse soit formée à remplacer ceux qui, depuis des années, font tourner ce fleuron industriel et qui arrivent à la fin de leur carrière.