Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, collègues, je suis monté à cette tribune pour vous dire qu'il y a tromperie sur la marchandise. Le débat qui nous occupe aujourd'hui à la demande du groupe majoritaire, au lieu de s'intituler « débat sur l'action de l'État à l'égard des plus précaires durant la crise sanitaire », devrait plutôt s'appeler « débat sur l'action de l'État à l'égard des grandes entreprises, des plus riches et des milliardaires durant la crise sanitaire » eu égard à la politique qui est actuellement menée car en réalité, il n'y a que pour eux que vous agissiez véritablement.
Au début de la crise sanitaire, on s'en souvient, Emmanuel Macron faisait l'éloge de notre modèle social et de l'État Providence ; il nous appelait à interroger notre modèle de développement, ajoutant que certains biens et services devaient être exceptés des lois du marché. Il semblerait qu'il ait changé d'avis. S'exprimant de nouveau dans la presse quotidienne régionale, il s'y félicite cette fois d'avoir supprimé l'impôt de solidarité sur la fortune, jugeant même qu'on aurait dû le faire quinze ans plus tôt. Pour Emmanuel Macron, les fortunés ne doivent pas se montrer solidaires, mais lui est solidaire des plus fortunés. Il associe la fortune à la réussite, comme si l'accumulation indécente de richesses était une fin en soi et qu'il n'y avait pas de lien entre cette accumulation et la pauvreté qui gagne tout le reste d'un pays, la France, dont les milliardaires sont les plus riches d'Europe. Leur nombre s'y est encore accru en pleine crise sanitaire : ils étaient trente-neuf, ils sont désormais quarante-deux, dont le patron du laboratoire Moderna qui peut remercier Emmanuel Macron d'avoir refusé la levée des brevets sur les vaccins car lorsque le vaccin est une marchandise, il rapporte évidemment beaucoup d'argent.
En pleine crise sanitaire, ces milliardaires ont accru leur patrimoine de 55 %, celui-ci passant de 230 à 477 milliards ! En dix ans, le patrimoine des ultra-riches a progressé en France de 439 % – nous sommes les champions d'Europe.