Intervention de Valérie Rabault

Séance en hémicycle du mardi 4 mai 2021 à 21h00
Situation des entreprises touchées par la crise de la covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Rabault :

Ce débat, proposé par nos collègues du groupe Les Républicains, est très important, car nous constatons que la crise ne frappe pas l'ensemble des secteurs économiques de manière uniforme. Alors que certains sont touchés de plein fouet et demeurent à l'arrêt, d'autres commencent à rebondir, et progressent parfois plus rapidement qu'avant la crise.

L'étude annuelle « Besoins en main-d'œuvre », publiée ce jour, réalisée par Pôle emploi en collaboration avec le CRÉDOC – Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie –, indique que les services, l'agriculture et la construction devraient se remettre à recruter dès la fin de la crise, tandis que l'industrie et la restauration resteraient sinistrées. À cela s'ajoute un effet taille : les plus petites entreprises embaucheraient proportionnellement plus que les plus grandes.

Les macroéconomistes, après avoir évoqué une courbe en forme de V puis de racine carrée, pour décrire la reprise, parlent maintenant du K, avec des secteurs qui repartent tandis que d'autres continuent de chuter. Cette approche sectorielle est insuffisamment prise en considération dans le plan de relance du Gouvernement. Si les règles de l'Union européenne ne permettent pas de privilégier un secteur par rapport à un autre pour l'octroi des aides d'État – elles permettent seulement de privilégier les entreprises selon leur taille –, rien n'empêche le Gouvernement de le faire en construisant un plan de relance, or cette stratégie est absente du premier plan que vous avez proposé. Cela risque de susciter un retard préjudiciable à la reprise, notamment dans l'industrie.

Tout d'abord, il me semble que le plan souffre d'un défaut de ciblage, ce qui affaiblit à la fois son efficacité et sa lisibilité. Il comprend plus de 113 actions englobant des sujets extrêmement divers, qui vont du soutien au développement de la filière hydrogène – c'est sans doute le volet plus structuré – à la plantation de 7 000 kilomètres de haies ; les haies, c'est très bien, mais je doute de leur effet d'entraînement.

Le plan manque également d'actions réalisées de A à Z. À ce titre, l'exemple des bornes de recharge électrique est très éloquent : vous prévoyez, non pas un financement intégral, mais un accompagnement de 205 millions d'euros pour 2021, quand l'Allemagne met 3 milliards sur la table, c'est-à-dire quinze fois plus, pour financer un million de bornes de recharge électriques en concertation avec l'industrie automobile.

Ensuite, il me semble que le plan n'affiche pas suffisamment d'actions en lien avec la souveraineté industrielle de la France et de l'Europe, contrairement au plan décliné aux États-Unis, par exemple.

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