Intervention de Valérie Rabault

Séance en hémicycle du mardi 4 mai 2021 à 21h00
Situation des entreprises touchées par la crise de la covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Rabault :

Enfin, le plan manque d'effet d'entraînement. À mon sens, la relance doit être conçue comme la capacité de l'État à créer un effet d'entraînement pour toute l'économie et les acteurs du secteur privé. J'ai effectué, dans Chorus, un pointage des 23 milliards d'euros de crédits du plan de relance pour 2021, une fois retranchés les fonds provenant de la Caisse des dépôts et consignations, et j'ai trouvé que seuls 10 milliards sur 23 financent des actions susceptibles de concourir à un effet d'entraînement.

Au-delà des montants eux-mêmes, il est impératif de définir quelles infrastructures industrielles conditionnent le maintien de notre industrie en France. Par exemple, rien dans le plan de relance n'est prévu pour financer des puits de carbone. Or le port de Rotterdam le fait, et le Texas, qui compte de nombreuses raffineries, s'y met aussi en se disant qu'en captant le carbone, il est possible de maintenir une industrie. Nous savons que les normes seront de plus en plus exigeantes en matière d'écologie, et c'est bien normal, mais il faut s'y préparer, c'est-à-dire s'organiser, notamment pour les ports français. Je prends cet exemple, mais il y en aurait bien d'autres.

Les médias bien informés indiquent que le Gouvernement réfléchirait à un second plan. Le haut-commissaire évoque des montants, mais il ne mentionne jamais d'objectifs, ni ce qu'il espère de ces plans en termes de résultats. Je pense que c'est une erreur. Tout cela signifie qu'il ne sait pas trop où il va.

Enfin, au-delà des objectifs et des montants, il y a une exigence territoriale. Pour l'instant, l'allocation du plan répond à la règle : premier arrivé, premier servi. Si l'on regarde le tableau de bord du ministère de l'économie, des finances et de la relance, qui est très instructif, on constate de fortes disparités qui ne s'expliquent pas uniquement par la taille des départements.

Par exemple, dans certains départements, seuls un ou deux projets industriels sont soutenus par l'État, quand d'autres en ont près de cinquante. Cinquante projets sont ainsi soutenus en Haute-Garonne et quarante-cinq en Loire-Atlantique, mais seulement deux dans le Tarn-et-Garonne. Le Tarn-et-Garonne n'est pas vingt-cinq fois plus petit que la Haute-Garonne ! De même, certains départements comptaient plus de mille créations d'emplois aidés au 22 avril 2021, quand d'autres en avaient moins de cent. Ces disparités contribueront à accentuer la compétition entre territoires. Je suis de celles et ceux qui pensent qu'il serait plus judicieux d'organiser les choses, c'est-à-dire d'identifier des filières par territoire afin de permettre à chacun d'avancer selon ses atouts.

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