Intervention de Jean-Noël Barrot

Séance en hémicycle du mardi 4 mai 2021 à 21h00
Situation des entreprises touchées par la crise de la covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Noël Barrot :

Toutefois, la crise n'est pas encore derrière nous et les défis sont nombreux pour rétablir durablement la compétitivité de notre économie. La reprise économique ne se fera pas de manière uniforme pour tous les secteurs sur l'ensemble du territoire, et c'est là le principal enjeu d'un rebond pérenne : apporter des réponses sur mesures afin qu'aucun territoire ne décroche. C'est tout le sens de la démarche de la seconde phase du plan de relance annoncée par le Président de la République, car les effets de la crise de la covid-19 se répartissent de manière très contrastée sur le territoire national, avec une grande diversité de situations et une inégalité au sein de chaque région, certains bassins d'emploi résistant tandis que d'autres sont plus éprouvés du fait de leur exposition aux secteurs très durement touchés.

Dans le cadre de la mission sur le rebond économique territorial qui m'a été confiée par le Premier ministre et que j'effectue auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, j'ai pu constater que le déploiement des mesures de soutien et de France relance est en cours et fait bouger les lignes.

En matière de transition écologique, d'abord : la semaine dernière, sur le port du Havre, je me trouvais devant la centrale à charbon qui a fermé ses portes le 31 mars 2020, conformément aux engagements du Président de la République. Juste en face – en traversant la rue, si je puis dire –, un chantier en pleine ébullition : celui de Siemens Gamesa, principal site industriel français dédié aux énergies renouvelables, qui construira les éoliennes offshore et créera, grâce au soutien de France relance, 750 emplois principalement tournés vers les jeunes Havrais éloignés de l'emploi. Même constat à Saint-Avold, en Moselle, près de Forbach, l'un des territoires les plus fragiles de notre pays, où la centrale à charbon, qui ferme elle aussi, cédera la place à un pôle hydrogène auquel nos collègues parlementaires travaillent activement.

En matière d'emploi, ensuite : à Saint-Doulchard, dans le Cher, site du groupe Michelin dédié à la fabrication des pneus d'avion, le soutien de France relance aura permis au directeur du site de convaincre le groupe d'investir et de maintenir l'emploi sur place. À Morteau, madame la présidente, Pequignet Horlogerie, la dernière manufacture d'horlogerie française, courageusement reprise par ses salariés en 2017, pourra, grâce au soutien de France relance, relocaliser une partie de l'usinage de ses pièces de précision et maintenir les savoir-faire français.

À nos entreprises, qui peinent trop souvent à trouver de la main-d'œuvre, l'activité partielle et l'activité partielle de longue durée auront permis de conserver leurs talents, leur ressource humaine, qui est évidemment leur première richesse et qui leur permettra de rebondir rapidement une fois la croissance revenue.

En outre, la crise a suscité dans les territoires un nouveau dialogue et une coopération nouvelle entre élus locaux, acteurs économiques, partenaires sociaux et services de l'État, participant ainsi à la lutte contre les fractures sociales et territoriales. Je pense à cet égard au dispositif Sharing, une plate-forme de prêt de main-d'œuvre créée dans le Lot-et-Garonne sous l'égide de la chambre de commerce et d'industrie. Cette initiative locale, lancée dès le début de la crise sanitaire, lorsque les sous-traitants aéronautiques ont subi les contrecoups des déboires du Boeing 737 Max, en 2019, a concerné vingt entreprises et cinquante salariés, et permis de sauver quinze emplois, des ingénieurs de l'aéronautique allant travailler dans des entreprises de l'industrie agroalimentaire. Je pense également au dispositif interfilières Passerelles industries, créé par l'UIMM – l'Union des industries et métiers de la métallurgie –et rassemblant dix branches industrielles de la région Occitanie, piloté par France industrie Occitanie en collaboration avec la région et la DIRECCTE – la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi – et auquel participent 300 à 400 entreprises, qui a servi de support au prêt de main-d'œuvre pour cinquante personnes.

À ce titre, je me réjouis de constater que le projet de loi relatif à la gestion de la sortie de crise, adopté mercredi 28 avril en conseil des ministres et examiné désormais par l'Assemblée nationale, prévoit la prolongation des assouplissements du prêt de main-d'œuvre jusqu'au 31 octobre. Il n'en reste pas moins qu'il est toujours plus difficile de solliciter France relance pour les petites entreprises ou collectivités que pour les grandes, et qu'il nous faut donc veiller à ce que l'impulsion donnée par la relance entraîne tout le pays vers une reprise durable. C'est ce à quoi nous vous invitons, monsieur le ministre délégué.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.