La future PAC dessine un nouvel horizon pour l'agriculture française. Sa principale nouveauté réside dans le plan stratégique national, dans lequel les écorégimes symbolisent les ambitions environnementales. La révision de la PAC a suscité un intérêt bien au-delà des seuls agriculteurs, que ce soit à l'occasion du débat public ImPACtons !, piloté par la Commission nationale du débat public (CNDP), ou au sein des nombreuses organisations concernées.
Lors de ces débats, les ambitions environnementales affichées ont été critiquées par les associations de protection de l'environnement, au motif qu'elles n'étaient pas au rendez-vous des enjeux : selon elles, il faut supprimer les aides destinées à certaines productions, car elles freinent la transition. Des critiques ont également été exprimées par les agriculteurs : ils ressentent les exigences environnementales comme un manque de reconnaissance des efforts accomplis, et attendent de la nouvelle PAC qu'elle n'accentue pas leurs difficultés.
Je tiens à souligner que les agriculteurs sont les premières victimes des atteintes à l'environnement et au climat. Ils sont affectés par les écarts de températures – nous l'avons vu lors des épisodes exceptionnels de gel de ces dernières semaines – ; ils souffrent des absences ou des excès de pluie ; ils sont tributaires d'une biodiversité qui, avec les insectes pollinisateurs, assure le rendement de nombreuses cultures. Ils sont les plus convaincus de la nécessité d'agir, et les plus actifs pour la préservation des eaux, des sols, du climat et de la biodiversité. Or cet effort de préservation nécessite une création de valeur permettant d'investir, comme le ferait n'importe quelle entreprise, dans l'adaptation des moyens et l'évolution des pratiques. Le sujet est donc aussi celui de la compétitivité de la « ferme France ». Cette compétitivité, au-delà des investissements pour l'environnement, doit répondre aux enjeux de l'installation, de la modernisation et de l'assurance contre les pertes de récoltes. Monsieur le ministre, comment le plan stratégique national conjuguera-t-il la préservation de l'environnement avec la compétitivité de la « ferme France » ?
Cette équation est complexe, mais c'est aussi celle de notre souveraineté alimentaire. L'épidémie nous a montré combien cette notion de souveraineté était cruciale quand il s'est agi, dans un autre secteur, de gérer la pénurie de dispositifs médicaux.