Votre question est essentielle et votre vision est exactement la mienne : il nous faut une agriculture compétitive, une agriculture de production. Et il nous faut en même temps une agriculture dont le maître mot, dont l'ADN, est la qualité nutritionnelle et la qualité environnementale. C'est cela qui rend notre agriculture souveraine : qu'elle soit à la fois capable de produire dans le cadre de circuits courts et d'exporter. Il ne faut pas opposer les agricultures : elles doivent toutes se rassembler autour de la qualité. La compétitivité de notre agriculture ne se réduira jamais à une compétitivité-coût – ce sera même surtout une compétitivité hors coût, et donc une compétitivité fondée sur la qualité. Car n'en déplaise à certains, qui aiment à caricaturer notre agriculture, la taille de nos élevages est bien inférieure à la moyenne européenne, et a fortiori à la moyenne internationale.
Cela signifie qu'il faut trouver un juste équilibre dans le cadre de la politique agricole commune. Avoir une agriculture compétitive, à savoir de production, capable d'exporter, suppose que nos agriculteurs perçoivent un revenu suffisant – c'est le premier pilier. En même temps, les mesures agroenvironnementales prises – qui relèvent du deuxième pilier – doivent permettre d'investir massivement. Or si l'on renforce le deuxième pilier au détriment du premier, on aboutit à une diminution du revenu de base des agriculteurs. Le courage, l'ambition, c'est aussi d'assumer une certaine forme de stabilité entre production et qualité, chemin que vous avez fort bien tracé dans votre question.