Intervention de Julien Denormandie

Séance en hémicycle du mercredi 5 mai 2021 à 15h00
Pac 2021-2027 : enjeux du plan stratégique national

Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Ce dont je suis absolument sûr, tout d'abord, c'est que je ne souhaite pas, pour notre pays, le modèle américain ou chinois que vous avez mentionné. L'harmonisation qui le caractérise est profondément contraire à ce qui fait la richesse de notre agriculture, à savoir la qualité. Celle-ci trouve ses racines dans la pluralité de nos territoires. La qualité des élevages dans votre beau département n'est pas sans lien avec les caractéristiques intrinsèques de celui-ci. D'autres départements ont d'autres caractéristiques que l'on retrouvera dans les types de culture qui y sont développés.

Le modèle très différent que l'on observe aux États-Unis ou dans des pays asiatiques se distingue certes par une harmonisation totale, mais l'élevage de truies s'y pratique dans des immeubles de treize étages. Ce n'est assurément pas ce que je souhaite pour notre pays.

Deuxièmement, vous demandez si la convergence entre les États membres est ou non en marche. Elle est selon moi impérieuse.

Vous avez décrit la situation actuelle. Je donnerai quelques exemples : les paiements redistributifs peuvent être très différents d'un État à l'autre ; dans certains États, le premier pilier est très fort, dans d'autres, c'est le second ; des États mettent en place l'indemnité compensatoire de handicap naturel, d'autres non ; dans certains États, cette aide concerne à la fois la protection végétale et animale tandis que la France, prenant notamment en considération les territoires de montagne, a fait le choix de ne l'appliquer qu'au monde animal.

Bref, il est nécessaire que nos politiques s'adaptent aux réalités des territoires. Le maintien de la pluralité des territoires français est heureusement rendu possible par une certaine forme de flexibilité au niveau européen.

À l'inverse, la bataille visant à obtenir plus de convergence et à lutter contre la concurrence déloyale est impérieuse. Je le répète, je me suis beaucoup battu – et la France s'est beaucoup battue – pour que le socle que représentent les écorégimes ne souffre aucune dérogation. Nous avons obtenu cette avancée au niveau du Conseil des ministres. Nous nous battons actuellement pour qu'elle soit confirmée au niveau du trilogue. Les parlementaires de tous bords nous soutiennent d'ailleurs, ce dont je me réjouis.

Oui, il nous faut progresser afin de réduire la concurrence déloyale au sein du marché commun. Le dispositif des écorégimes doit également être défendu dans le cadre des accords commerciaux, pour devenir la règle de base en matière de négociations commerciales au niveau international. Toutefois, cela ne doit pas se faire sans tenir compte de la diversité de nos territoires. Je crois profondément à l'importance de ces objectifs et je me battrai avec détermination pour les atteindre.

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