Intervention de Julien Denormandie

Séance en hémicycle du mercredi 5 mai 2021 à 15h00
Pac 2021-2027 : enjeux du plan stratégique national

Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Je l'ai toujours dit, l'installation de nouveaux agriculteurs sera la mesure de notre réussite ou de notre échec. Un quotidien me demandait récemment comment je voyais l'agriculture dans cinq ans, en 2025 ; ce que je peux dire, c'est que nous verrons alors si nous avons réussi ou pas. Nous aurons réussi si nous parvenons à convaincre la jeunesse de France d'investir les métiers de l'agriculture.

L'installation est donc un enjeu primordial, surtout quand la moitié des agriculteurs arrivent à la retraite. J'aime à définir les agriculteurs comme des entrepreneurs du vivant qui nourrissent le peuple. Nourrir le peuple, c'est une noble mission à laquelle on s'attelle par passion, mais la passion ne peut pas tout, d'autant plus que le vivant est une réalité très complexe qui nécessite une mobilisation de tous les instants. La passion ne peut pas occulter la rémunération : les agriculteurs sont aussi des entrepreneurs et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour leur garantir un revenu suffisant – la politique agricole commune y contribue, tout comme ÉGALIM, et je salue à nouveau votre engagement à ce sujet.

Enfin, vous demandez s'il ne faudrait pas aller jusqu'à revoir les modalités de calcul des aides de la politique agricole commune, en les faisant désormais reposer sur le nombre d'actifs. Encore une fois, je comprends votre interrogation qui est tout à fait légitime. Mais la difficulté, c'est que nous sommes dans un marché commun : de ce fait, quiconque peut vendre ses produits n'importe où au sein de ce marché et les prix de vente sont finalement les mêmes partout, à peu de choses près. En revanche, les charges varient fortement en fonction des pays, en particulier celles qui sont liées à l'actif et aux salaires.

Si nous commencions à déléguer des fonds aux différents États membres en fonction de leur nombre d'actifs alors que la définition même d'un actif – dans toutes ses dimensions – n'a pas été uniformisée au sein de l'Union européenne, ce serait contreproductif ; en effet, il y a de fait beaucoup plus d'actifs agricoles dans d'autres pays que dans le nôtre. Nous n'aurions plus 9,5 milliards d'euros d'aides à répartir dans nos modèles de production mais beaucoup moins, et une partie de cette somme se trouverait transférée vers d'autres pays. Il faut donc trouver un juste équilibre. Voilà où nous en sommes : nous devons avancer au niveau européen pour traiter ces sujets, mais ayons en tête que si une telle réforme avait été entérinée maintenant, cela se serait fait au désavantage de la France.

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