Intervention de Christophe Blanchet

Séance en hémicycle du mercredi 5 mai 2021 à 21h00
Loi de programmation militaire et ses conséquences pour l'indépendance de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Blanchet :

Il y a trois ans, en 2018, nous adoptions ici la loi de programmation militaire la plus ambitieuse depuis vingt ans. Pour la première fois depuis que ceux qui nous ont précédés ont voulu récolter les dividendes de la paix, un effort significatif était fait en faveur de nos armées. C'est simple : la précédente LPM proposait pour 2017 un budget de la défense de 31,4 milliards d'euros. Or même après l'actualisation de 2015, à cause des attentats, l'augmentation du budget était poussive, puisque de moins de 1 % par an, soit un budget de 32,5 milliards d'euros.

Après la revue stratégique de 2017, le choix a été fait d'un réinvestissement sérieux pour conserver un modèle d'armée complet afin de répondre à tout le spectre des menaces. Il a donc été prévu une augmentation de presque 5 % par an afin d'atteindre en 2021 un budget de 39,2 milliards d'euros. Cette augmentation considérable se voulait à hauteur d'homme, sincère et réaliste, apportant un intérêt accru aux militaires et à leurs familles, ainsi qu'à l'amélioration du quotidien du soldat. Ainsi, les petits équipements ont été améliorés, des programmes de grands équipements ont été confirmés ou annoncés comme le successeur du Charles de Gaulle.

Cette annonce, qui nous oblige jusqu'à la fin du siècle, doit nous rappeler l'excellence de notre industrie nationale et notre capacité à construire n'importe quel programme de manière autonome. Cette autonomie est le gage de notre indépendance nationale, ce que la pandémie nous a bien rappelé. Certains secteurs industriels stratégiques nous sont vitaux. À ce titre, si la coopération européenne peut être bonne, elle ne doit pas se faire à n'importe quel prix ni faire oublier que l'industrie de défense est rentable et non délocalisable. Il faut donc se réjouir qu'elle se porte bien, alors que le contexte économique et géostratégique a rarement été aussi sombre.

En effet, depuis 2018, les oppositions entre grandes puissances se sont faites plus nettes et les moyens de puissance s'enhardissent. Il suffit d'observer la Turquie et l'Iran. Même chez nos voisins : les Britanniques se dirigent vers un nouveau modèle d'armée complètement futuriste et augmentent leurs stocks d'armes nucléaires, une première depuis la fin de la guerre froide. Or, si le Royaume-Uni n'est pas une menace pour nous, sa démarche reste intéressante.

Je ne vous referai pas ici l'Actualisation stratégique 2021 dont vous avez déjà eu l'occasion de prendre connaissance. Mais, au regard des constats qu'elle fait concernant la persistance et l'hybridation des menaces ou le durcissement des logiques de puissance, il faut saluer la pertinence de ce qui avait été prévu et la remontée en puissance que nous avons votée. Où en serions-nous aujourd'hui sans cela ? Pourtant, ces jours-ci, on peut lire des tribunes préconisant ce que l'armée devrait faire ou pas ; des tribunes foisonnant de « y a qu'à, faut qu'on » prospèrent dans le marasme et alors qu'on alimente la peur et le doute. Et il y a cette tribune, celle de l'Assemblée nationale, là où nous, représentants du peuple, sommes à même de retranscrire la vérité des chiffres et des choses et de ce qui va dans le bon sens. Mais combien de médias, combien de concitoyens relayeront ce message ? Il est plus vendeur de rechercher éternellement des coupables que de rechercher des solutions, plus rentable de vendre des peurs du lendemain que de travailler aux lendemains sans peur.

Avant de conclure, qu'il me soit permis de signaler, puisque nous sommes en semaine de contrôle, un regret quant à l'énergie dépensée, lors de l'examen de la LPM, sur le rapport annexé. Nous avons été nombreux sur ces bancs à avoir amendé cette partie du texte avec passion, mais force est de constater que ces amendements ont été suivis de bien peu d'effet. Vous me pardonnerez de prendre pour exemple l'un de mes propres amendements, mais il concernait les réservistes qui font précisément l'objet d'une mission d'information de la commission de la défense, que je mène avec notre collègue Jean-François Parigi. Il s'agissait de mettre en œuvre la numérisation de l'information et de la gestion de l'activité des réservistes des armées par le biais d'un portail internet. Or, depuis trois ans, presque rien n'a changé.

Voici, chers collègues, madame la ministre, ce que les députés du groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés ont souhaité dire pour poser les termes du débat. Je soulignerai pour conclure l'immense effort national qui est fait et qui reste à faire, au bénéfice de nos armées en ces temps difficiles, car il est indispensable que nos soldats ressentent la très grande confiance que les Français leur accordent ainsi que le soutien sans faille de leurs représentants, sans qu'ils soient mêlés ou assimilés à quelque polémique que ce soit.

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