Je vous remercie d'avoir soulevé la question très importante de l'éthique dans l'utilisation des systèmes d'armes, monsieur Baudu. À la faveur du développement de l'intelligence artificielle, que le ministère des armées n'a pas voulu brider, nous avons ressenti le besoin de nous appuyer sur les réflexions de personnalités indépendantes, réunies au sein du comité d'éthique de la défense. À ma connaissance, un tel organe n'existe pas dans les ministères de la défense des autres pays européens.
De manière évidente, les premières réflexions du comité d'éthique de la défense se sont portées sur les systèmes d'armes létaux et le niveau d'automatisme qu'ils doivent intégrer. Sur ce sujet, je veux redire, devant la représentation nationale, que nous nous interdisons de nous en remettre à des systèmes totalement autonomes pour engager le feu. Néanmoins, un certain niveau d'autonomie doit pouvoir être ménagé, ce que permettent les SALIA, sur lesquelles le comité d'éthique de la défense s'est prononcé favorablement dans son avis. Dès lors, je souhaite que le ministère des armées précise maintenant la doctrine d'emploi de ces systèmes d'armes.
Sur de tels sujets, si nous refusons par principe d'explorer des champs de recherche technologique, nous risquons de mettre en péril la supériorité opérationnelle et technologique de nos armées. Or notre mission est de la garantir aux Français. Encore faut-il disposer d'un cadre adéquat pour conduire ces recherches avec la sérénité qui s'impose, sans franchir les limites éthiques que nous nous sommes fixées du fait d'une découverte technologique non maîtrisée.