Le RSA jeunes, sous toutes les formes qu'il peut revêtir, est un sujet dont nous débattons très régulièrement dans cet hémicycle – cela a été rappelé –, ce qui traduit l'extrême pauvreté dans laquelle la crise a jeté notre jeunesse.
Au mois de février dernier, nous discutions de la proposition de loi de notre collègue Boris Vallaud dans le cadre de la niche du groupe Socialistes et apparentés, et au mois d'octobre dernier, de la proposition de résolution de notre collègue Valérie Petit, dans le cadre de la niche du groupe Agir ensemble, sur un sujet très similaire. Je crois ne pas me tromper en disant que nous partageons tous le constat que notre jeunesse souffre et souffrira encore des conséquences de la crise. Comme dans toutes les crises, ce sont ceux qui se trouvent déjà dans la précarité qui ont à en subir les conséquences les plus lourdes. Et, déjà, la catégorie de la population la plus pauvre avant la crise était notre jeunesse.
Sur le plan des libertés, les jeunes ont à souffrir de la fermeture des lieux de vie. Sur le plan de l'emploi, ce sont eux qui éprouveront le plus de difficultés à s'insérer dans un marché sinistré par la crise. Rappelons qu'en France, 700 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail. Sur le plan matériel, la seule vue des files d'attente devant les banques alimentaires nous condamne à faire plus et mieux pour notre jeunesse.
Là où les divergences sont les plus marquées, comme souvent, ce sont sur les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. Finalement, chacun détient une définition de son « RSA jeune », qui devient peu à peu une expression générique revêtant des dispositifs très différents. Je souhaite en cet instant rappeler l'origine de la mise en place d'un revenu d'assistance par le gouvernement Rocard en 1988. On parlait à l'époque d'un revenu minimum d'insertion, qui n'était d'ailleurs pas accordé aux jeunes de moins de 25 ans. En 2003, le gouvernement Raffarin a transformé ce RMI en RMA, revenu minimum d'activité, avant qu'en 2009 ne soit mis en place le RSA. À aucun moment, aucun de ces gouvernements, pourtant de sensibilités très différentes, n'a souhaité accorder ces revenus à partir de l'âge de 18 ans.
Le groupe UDI-I ne partage pas la vision d'une généralisation de cette allocation. La meilleure chose que nous puissions accorder à nos jeunes, ce sont des formations et des emplois. Personnellement, je ne veux pas imaginer que le versement d'un RSA soit la seule solution d'avenir pour les jeunes. Tous aspirent à une vie sereine, à travailler, se former, se sentir utiles et trouver un emploi qui corresponde à leurs envies ou à leurs rêves. C'est cela que nous devons réussir. Tout comme les membres de mon groupe, je ne me résoudrai jamais à ce que l'on considère le chômage de masse comme une fin en soi.
Ce que nous voulons, c'est que chacun soit en mesure d'étudier ou de se former, quels que soient les revenus de ses parents, et que ceux qui ne sont pas étudiants ou en formation puissent trouver un emploi qui corresponde à leurs souhaits et à leurs qualifications et qui leur permette de vivre décemment. Nous sommes d'autant plus opposés au RSA jeune tel que proposé qu'il n'est pas assorti d'une contrepartie, qu'il s'agisse de l'obligation de rechercher un emploi, d'effectuer un stage de bénévolat ou de se former.