Intervention de Boris Vallaud

Séance en hémicycle du jeudi 6 mai 2021 à 15h00
Revenu de solidarité active pour les jeunes de 18 à 25 ans — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBoris Vallaud :

Il est quand même triste de se retrouver là à entendre le même discours qu'il y a trois mois. À l'époque, on nous assurait que tout était réglé. On nous reprochait quasiment d'avoir le mauvais goût d'inventer des situations difficiles, car à chaque jeune s'offrait une solution.

En réalité, quand nous sommes allés vers cette jeunesse, nous avons rencontré beaucoup de jeunes sans solution. Voilà le premier constat : nombre de jeunes ont abandonné leur appartement ; ils sont retournés, le rouge au front, vivre chez leurs parents ; ils ont été obligés de renoncer au peu de confort de leur vie car ils ont perdu leur petit boulot. Ils sont allés grossir les rangs de banques alimentaires qu'ils ont parfois montées eux-mêmes. J'ai rencontré ces étudiants fantômes à Dijon, et nous sommes en contact avec ceux de Quimper, Brest, Lille ou Bordeaux. Partout, c'est la même misère.

Pour les jeunes qui ne sont pas étudiants, c'est compliqué de trouver un boulot – c'est déjà le cas en temps normal. C'est difficile d'avoir 20 ans en 2020, dit le président Macron. En fait, c'est toujours difficile d'avoir 20 ans.

Il faut changer ce rapport de défiance que la nation entretient avec sa jeunesse. Il faudrait que la jeunesse soit une épreuve. Il faudrait que les jeunes en bavent pour poursuivre études, trouver un stage, un premier boulot ou un logement, pour fonder une famille. Au cœur de cette crise, posons-nous la question : est-ce la jeunesse qui a une dette envers la nation ou l'inverse ? Pour ma part, je pense que c'est la nation qui a une dette envers sa jeunesse.

Vous craignez que l'extension du RSA n'abîme les jeunes dans l'oisiveté. Vous n'avez pas les mêmes pudeurs lorsqu'il s'agit d'augmenter le montant des dons donnant lieu à une exonération des droits de succession !

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