Je vais réduire encore le niveau d'exigence avec cet amendement en espérant que nous finirons par faire preuve d'un peu de hauteur.
Cet amendement vise à accorder le RSA aux majeurs qui sortent de l'aide sociale à l'enfance (ASE). Je vais vous lire le témoignage de Lucas qui explique que normalement, il devrait avoir droit à un contrat jeune majeur. Notons au passage qu'il s'agit d'un dispositif spécifique parce que, évidemment, on ne saurait concevoir un dispositif universel ; il faut absolument faire du cas par cas, du sur mesure, du cousu main !
Lucas raconte : « Il faut faire une grande lettre de motivation. Il faut se vendre, il faut dire : Oh bah je suis très bon à l'école et puis mes profs sont contents et puis je veux aller dans cette ville, etc. Ensuite, c'est vraiment à l'appréciation de l'inspecteur. Moi, ma référente m'a fait comprendre que je ne l'aurais pas, elle m'a dit : tu choisiras ta précarité si tu fais des études supérieures. Ça m'a tellement dégoûté, je me suis dit : Bon bah j'abandonne… »
Lucas n'est pas une exception. Parmi les personnes qui sortent de l'aide sociale à l'enfance, seuls 36 %, soit un tiers, bénéficient du contrat jeune majeur. Dans certains départements, ce chiffre s'élève à 60 % tandis que dans d'autres il n'est que de 5 %. C'est donc extrêmement variable. On sait que 70 % des sortants de l'ASE n'ont aucun diplôme et que, parmi les personnes sans domicile fixe âgées de 18 à 25 ans, une sur quatre sort de l'ASE.
Pour ces personnes, au moins, accepteriez-vous de mettre en place un revenu de solidarité active, une mesure spécifique qui leur permettrait d'être couverts ?
En effet, pour l'instant, tout repose sur la solidarité familiale. Or eux n'ont pas de famille.