L'année dernière, lors de la niche du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, nous avions inscrit à l'ordre du jour une proposition de loi visant à instaurer une contribution des hauts revenus et des hauts patrimoines à l'effort de solidarité nationale. Notre pays traversait alors, déjà, l'une des plus graves crises de son histoire. Cette contribution des plus riches nous semblait non pas révolutionnaire, mais juste et utile. Cependant cette proposition avait été rejetée par le Gouvernement et par la majorité.
La proposition de loi qui nous est soumise aujourd'hui s'inscrit dans cette même logique. Nous souhaitons remercier la rapporteure Mathilde Panot d'avoir défendu ce texte et de l'avoir inscrit à l'ordre du jour. En prévoyant la taxation des bénéfices excédentaires réalisés par les grandes entreprises durant la crise du covid-19, cette proposition se veut le pendant de celle que nous avions déposée. Nous la soutenons et la défendons.
Depuis un an, cependant, des digues ont bougé même si vous ne semblez pas vous en rendre compte. Le Président de la République nous avait promis, lors d'un discours de mars 2020, une réinvention et des lendemains heureux. Mais la baisse des impôts de production décidée dans le cadre de la relance et la réforme de l'assurance chômage ont douché les maigres espoirs que le logiciel néolibéral soit abandonné.
Au mois d'avril, un responsable des affaires budgétaires du FMI – une institution dont nous n'aurions pas soupçonné qu'elle serait capable d'une telle inflexion – déclarait que pour réduire les inégalités sociales accentuées par la crise, les pays pouvaient envisager des taxations temporaires sur les ménages les plus aisés ou sur les bénéfices excédentaires des entreprises qui ont prospéré durant la crise.
Le président Biden, après avoir proposé l'instauration d'un impôt minimal mondial sur les sociétés, augmentera prochainement dans son pays le taux de l'impôt sur les sociétés, le taux supérieur de l'impôt sur les revenus et, surtout, alignera la fiscalité des revenus du capital sur celle des revenus du travail.
Il s'agit là d'évolutions, pas de rupture avec le modèle que vous avez en commun. Cependant, disons-le, cela ringardise un peu plus encore la politique économique à laquelle vous croyez mordicus, la théorie du ruissellement.