Il suffit de disposer d'une règle électorale stable, claire, dotée d'un seuil pour parvenir à une représentation raisonnable. Dans la proportionnelle départementale de 1986, il est fixé à 5 % ; ce seuil contrarie ceux qui font moins de 5 %, et on le comprend, mais il garantit la stabilité.
Il n'est donc pas vrai qu'un scrutin proportionnel produit mécaniquement de l'instabilité. Pardon de dire qu'une assemblée organisée comme la nôtre, qui compte neuf groupes parlementaires, ne témoigne pas d'une homogénéité telle qu'elle justifie le mode de scrutin selon lequel elle est élue. De la même manière, si vous vous penchez sur la durée de vie moyenne des ministres et en particulier des ministres des finances, vous vous apercevrez qu'il n'y a pas non plus dans ce domaine de stabilité très nettement supérieure à celle de la IV
Ce fut très compliqué, mais nous voici à une autre étape. Je vous invite à bien mesurer la situation – je pense que beaucoup d'entre vous l'ont fait : en 1997, 68 % des gens venaient voter aux élections législatives – j'ai connu mieux que ça, mais ne parlons que de 1997. En 2007, ils étaient 60 % ; et en 2017, 48 %. En vingt ans, nous avons donc perdu 20 points de participation ! Bien sûr, vous pouvez dire que ce ne sont que les apparences – apparemment, la vie continue, le système tient –, mais vous êtes tous bien conscients du fait que nos présidents de la République sont de plus en plus les responsables de tout, de tout le monde et sur tous les sujets, et que ceci a à voir avec cela. Ce sont les seuls dont la légitimité politique paraît suffisante au pays pour qu'il consente à leur autorité, pour peu qu'il y consente – c'est souvent le cas.
Voilà ce que nous vous disons. La proportionnelle que nous vous proposons n'est pas une aventure ; c'est une réparation. La proportionnelle que nous vous proposons, ce n'est pas l'instabilité ; c'est la garantie de la stabilité qui nous importe le plus, celle du lien entre ceux qui sont élus et ceux qui les élisent.
J'achève en vous disant que pour nous – surtout pour nous –, il est importantissime que la démocratie se répare. La révolution citoyenne à laquelle nous aspirons est bien une révolution, mais elle passe par les urnes, exclusivement par les urnes ; elle passe par les bulletins de vote et exclusivement par eux. Et s'il apparaît à une masse considérable de pauvres gens – et même à ceux qui ne sont pas pauvres – que les bulletins de vote ne servent à rien, pas plus que les assemblées, et que seul compte le chef, alors c'en est fini de la République.