Avez-vous mis entre parenthèses votre programme politique ? Non, vous continuez à agir. Pourquoi suspendrait-on les décisions quand il s'agit de réformer les institutions pour les rendre plus démocratiques ? Vous comme moi, nous sommes issus du grand bouleversement politique qui secoue ce pays : moi comme candidat présenté par La France insoumise, vous comme représentants de La République en Marche. Nous n'existions pas en 2015 ou en 2016. Le pays est en plein bouillonnement, il balaye les partis politiques jusque-là installés, il cherche une voie, une solution. Ce grand bouillonnement, cette tempête politique ne s'est pas arrêtée. Si vous avez été élus, chers collègues, c'est qu'à votre façon – et votre candidat à la sienne –, vous représentiez cette volonté de dire « on balaye tout ça, il faut tout changer, il faut que les sensibilités politiques soient représentées ». Vous avez été élus aussi parce que votre candidat, devenu Président de la République, a dit qu'il instaurerait la proportionnelle, certes avec l'astuce de la « dose ». Faites-le, parce que vous risquez de prendre de front ce que j'ai évoqué tout à l'heure. La tempête ne s'est pas arrêtée et le pays reste une mer déchaînée, a fortiori en période d'épidémie de covid-19. Ne croyez pas que tout cela a gelé : je crois même que la colère n'a fait qu'augmenter. Il y a là quelque chose d'important.
Madame la ministre, vous dites que ce n'est pas le moment. Je vous réponds que c'est justement le moment, dans ce pays blessé, qui doute de lui-même.