Intervention de Philippe Gosselin

Séance en hémicycle du mardi 11 mai 2021 à 21h00
Gestion de la sortie de crise sanitaire — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gosselin :

…et le ministre de la santé, en particulier, se gargariser du débat démocratique qui a eu lieu ; ils me font penser à ceux qui volent au secours d'une cause le lendemain de sa victoire. D'ailleurs, c'est à peu près la même chose, sauf que ce n'est pas le lendemain du vote mais l'heure d'après le vote. Ils viennent assurer un SAV – un service après-vote – d'un genre un peu particulier.

Nous l'apprenons ce soir : la démocratie s'exprime après un combat ou au moins un débat acharné entre des fractions de la majorité – et je trouve que la position de nos collègues du groupe Dem a été courageuse. Ils ne s'estimaient pas satisfaits par le texte, ils l'ont dit et cela signifie qu'il y a des problèmes de communication, un déficit de débat démocratique, au sein de la majorité mais aussi plus généralement – c'est ce qui nous intéresse davantage ici –, au sein du Parlement. Il est dommage que sur un tel texte, nous soyons obligés d'en arriver là.

En réalité, les questions demeurent, en particulier s'agissant du pass sanitaire. Toutes les réponses attendues n'ont pas été données, tant s'en faut. Des positions de principe ont été exprimées, et c'est très bien, mais on ignore encore exactement ce qui sera possible ou impossible ; on ne connaît pas la hauteur des jauges et on ne sait pas si la notion de densité sera prise en compte ou pas. Pour le moment, nous avons encore affaire à une pochette surprise : la pièce est en l'air et nous ne savons pas si elle va retomber côté pile ou côté face.

Demeurent par ailleurs en suspens plusieurs questions concernant des mesures qui n'ont rien à faire dans un texte organisant la sortie de l'état d'urgence : je pense au couvre-feu, notamment, et aussi à la possibilité de prolonger le confinement – un mois, deux mois, c'est très flou, vous en conviendrez, et le ministre lui-même s'est un peu pris les pieds dans le tapis en donnant ses explications à ce propos, qui n'étaient pas tout à fait conformes à ce qui était écrit dans l'amendement du Gouvernement. Mais passons, nous y reviendrons et le Sénat fera son travail.

En somme, nous ressentons ce soir un sentiment d'inachevé et déplorons un manque d'écoute. Nous avons été plusieurs à parler de mépris ; le terme peut paraître un peu fort et, au stade auquel nous sommes parvenus, la tension des débats est un peu retombée, mais je le répète avec calme, à défaut de sérénité : oui, il y a trop régulièrement, si ce n'est systématiquement, un manque de respect de la part du Gouvernement, qui ne prend pas suffisamment en compte le besoin éprouvé par nos concitoyens de mener un débat de société sur une situation d'état d'urgence qu'ils subissent depuis quatorze ou quinze mois.

Ils aspirent à autre chose, ils ne sont pas plus idiots que nous et ils savent évidemment que des dangers sont toujours très présents. Ils ont envie que leurs aînés, leurs proches, leurs enfants et leurs petits-enfants puissent retrouver une vie normale, mais tout cela semble encore bien loin.

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