En 1791, Olympe de Gouges affirmait, dans la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : « La femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits. » Nous avons encore du chemin à parcourir pour atteindre l'égalité entre les hommes et les femmes. Il y a eu des avancées notables, comme la loi du 13 juillet 1965, qui autorise les femmes à ouvrir un compte en banque en leur nom et à travailler sans le consentement de leur mari, ou la loi Copé-Zimmermann du 27 janvier 2011, qui impose 40 % de femmes dans les conseils d'administration des entreprises.
Cependant, les femmes ont encore beaucoup à faire pour atteindre une autonomie bancaire et financière. Le texte que nous examinons aujourd'hui vise à accélérer l'égalité économique et professionnelle. Je remercie Marie-Pierre Rixain pour la qualité de son travail. Les auditions étaient très instructives et riches en messages d'espoir. Nos débats en commission des affaires sociales ont permis des avancées que je tiens à saluer. L'entrée en vigueur des articles garantissant une autonomie bancaire est prévue un an après la publication de la loi, et non plus deux comme prévu initialement dans le texte.
Je suis ravie de la réécriture de l'article 4, qui intègre et définit les crèches AVIP, lesquelles accueillent à hauteur d'au moins 30 % de leur effectif des enfants dont les parents sont demandeurs d'emploi et volontaires pour s'engager dans une recherche d'emploi pouvant comprendre une période de formation. J'ai moi-même déposé un amendement en ce sens, visant à réserver des places en crèche pour les parents qui reprennent une formation ou cherchent un emploi.
Cependant nous savons que la problématique est plus large. On compte en France 446 000 places en crèche pour 2,2 millions d'enfants de moins de 3 ans. Nous devons investir davantage dans les services de la petite enfance. J'ai notamment déposé un amendement qui incite les entreprises à proposer des places en crèche. C'est un dispositif gagnant-gagnant : en réservant des places en crèche pour ses salariés, l'entreprise leur permet de se rendre au travail beaucoup plus sereinement.
Les débats en commission ont également permis d'intégrer dans le texte des accords conclus entre les établissements scolaires et universitaires visant à favoriser une représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des filières d'enseignement. Je suis très favorable à ce nouvel article. Je suggérerai d'aller plus loin avec un amendement visant à demander un rapport qui formule des propositions destinées à valoriser les enseignantes des filières technologiques et professionnelles.
Nous constatons que les stéréotypes genrés persistent, notamment dans le choix des carrières professionnelles. L'enseignement supérieur doit se sentir investi d'une mission particulière pour la mixité, car l'orientation professionnelle est majoritairement due à l'orientation scolaire. Les femmes sont majoritaires dans certaines filières telles que le social ou l'aide à domicile, dans certains métiers comme ceux d'infirmière, de secrétaire, d'hôtesse de caisse ou encore de magistrate. À l'inverse, certaines filières, comme les métiers du numérique ou de l'informatique, attirent peu de femmes ; or ce sont les métiers de demain. Nous devons agir. Aussi ferai-je également des propositions pour favoriser la mixité dans les filières.
S'agissant de la place des femmes dans le monde du travail, je suis pour une meilleure représentativité dans les entreprises. Un effort de transparence est nécessaire. La loi Copé-Zimmermann a permis aux femmes d'occuper, en 2019, 43,6 % des sièges d'administrateur au sein des 120 plus grandes sociétés cotées en bourse, contre un peu plus de 26 % en 2013. La proposition de loi dont nous débattons aujourd'hui prévoit que la proportion de femmes chez les cadres dirigeants et les cadres membres des instances dirigeantes soit d'au moins 30 % au sein des entreprises de plus de 1 000 salariés. Je suis favorable à cette nouvelle mesure.
Enfin, nous devons introduire des objectifs de mixité dans la politique de soutien à la création et au développement d'entreprises de Bpifrance car, en matière d'entrepreneuriat, les femmes ont la même volonté que les hommes de créer leur entreprise. Je regrette cependant que nous ne puissions pas débattre des modes de garde ou du congé parental, des questions qui me semblent indissociables de la vie professionnelle des parents.
Globalement, je salue l'esprit du texte qui tend à une plus grande mixité et j'espère que nos débats permettront de l'enrichir encore davantage.