En commençant ce discours, je pense à toutes les personnes qui nous regardent, toutes les personnes qui nous attendent, je pense à toutes ces femmes qui se sont battues pour l'égalité sans jamais renoncer et qui ont permis d'obtenir, bien souvent d'arracher une à une, des victoires. Je pense à toutes celles qui s'engagent et doivent lutter encore, à toutes celles qui gravissent les échelons de la société et font vivre par leur exemple l'égalité. Je pense enfin, et peut-être surtout, à toutes ces femmes victimes de violences, parfois symboliques ou psychiques, mais aussi trop souvent physiques. Parler d'égalité, c'est ne pas oublier que le meurtre ignoble de Chahinez Daoud par son ex-conjoint à Mérignac, il y a quelques jours à peine, nous oblige : nous devons agir sans hésiter, sans faiblir, débattre dans le respect, ne jamais renoncer. L'égalité entre les femmes et les hommes est un combat de tous les instants, rien ni personne ne doit nous en détourner.
Bien sûr, il y a eu d'indéniables progrès. Les femmes ont désormais la liberté de disposer de leur corps et, grâce au combat engagé pour la parité, elles ont accès aux plus hautes responsabilités et le droit – heureusement… – ne reconnaît plus de différences entre les femmes et les hommes. Mais pour autant, devrait-on s'arrêter là ? Peut-on envisager un instant de se contenter de la lettre des textes sans regarder le reflet que nous renvoie la réalité, à savoir que le chemin est encore long, que les femmes sont plus souvent victimes de discrimination, de préjugés et ont, à poste équivalent, un salaire inférieur de 10 % à celui de leurs collègues masculins, que les femmes mettent en moyenne bien plus de temps pour accéder à des postes de responsabilité ou au conseil d'administration. La réalité, c'est que les femmes sont trop souvent sommées de choisir entre le travail et la vie familiale, comme si prendre soin de ses enfants sonnait exclusivement au féminin… Mais la plus dure réalité, c'est que je pourrais continuer longuement cette énumération, parler de l'entrepreneuriat, du travail partiel et aussi de la prison dans laquelle sont enfermées de trop nombreuses femmes contraintes de rester avec un mari violent en raison du fait que celui-ci a la maîtrise totale des ressources financières.
Le combat pour l'égalité réelle est encore long, mais il mérite d'être mené et nous le mènerons jusqu'au bout.
Le Président de la République a fait de l'égalité femmes-hommes la grande cause du quinquennat et, depuis quatre ans, nous avons agi sur tous les fronts en prenant des mesures essentielles telles que l'allongement du congé paternité, son caractère désormais obligatoire devant permettre d'aboutir à une meilleure répartition du temps consacré aux enfants, la garantie par la caisse d'allocations familiales (CAF) du paiement des pensions alimentaires alors que près de trois à quatre sur dix n'étaient pas ou très partiellement payées ; en parallèle, nous avons intensifié la lutte contre les violences conjugales, accélérant encore après le Grenelle de novembre 2019, à la fois en renforçant la prévention, en consacrant plus de moyens à la protection des victimes et en améliorant leur accompagnement. Nous avons travaillé main dans la main avec le Gouvernement et les services de l'État, mais aussi avec les associations pour ne rien laisser passer.
Aujourd'hui, grâce à la proposition de loi déposée par notre groupe et les deux autres composantes de la majorité présidentielle, nous franchissons encore un pas en nous attaquant de front aux inégalités économiques.
Les premiers articles affirment le caractère individuel du droit à détenir un compte courant pour garantir à chaque femme l'indépendance et l'autonomie dans la gestion de ses revenus, y compris les prestations sociales : un conjoint ne pourra ainsi plus préempter les revenus de sa conjointe, elle les recevra sur un compte à son nom.
Pour faciliter l'accès au travail, cette proposition de loi étend les places réservées dans les crèches aux mères les plus en difficulté.
Et puis il nous faut agir à la racine, dès l'orientation des filles au cours de leur scolarité. À titre d'exemple, je souligne que les femmes ne représentent que 28 % des ingénieurs diplômés. Nous allons donc voter la mise en place d'un index de l'égalité permettant de rendre compte des choix genrés dans les différentes filières.
Ce texte vise aussi à permettre un égal accès aux financements lors de la création d'entreprise, sachant que seuls 2 % des fonds dédiés ont été levés par des start-up à direction 100 % féminine. L'État doit être exemplaire, y compris en progressant en termes de parité dans la politique de soutien à la création et au développement d'entreprises menée par la Banque publique d'investissement.
Enfin, cette future loi permettra à terme de mettre en place une représentation équilibrée des femmes dans les instances dirigeantes des grandes entreprises françaises. Les quotas ne représentent pas une solution miracle, mais ils sont souvent nécessaires. Nous devons être ambitieux pour casser ce plafond de verre mais aussi tenir compte de la réalité des entreprises, et la rapporteure a trouvé un équilibre sur ce point dans sa définition des objectifs de progression de mixité fixés aux entreprises.
Mesdames, messieurs, l'égalité n'a pas de couleur politique, pas plus qu'elle n'a de temps à perdre. Nous, nous sommes ici pour construire et réussir, je ne doute pas un instant qu'il en soit de même sur tous les bancs de chaque groupe. Offrons ensemble cette grande avancée à l'égalité femmes-hommes au travail.