Le groupe La France insoumise soutiendra et votera évidemment, lui aussi, la présente proposition de loi, même si nous regrettons, comme d'autres groupes, un manque d'ambition et de rapidité : il nous semble que, sur ce sujet, la société est prête, mobilisée et que nous aurions pu aller plus loin.
Je veux simplement dire ici, notamment à mesdames les ministres déléguées, que l'égalité entre les hommes et les femmes ne doit pas être qu'un symbole et qu'il ne faut pas se contenter de l'ériger en grande cause nationale du quinquennat : nous avons absolument besoin d'actes. Je tiens ainsi à exprimer une pensée très forte pour Ahmed Berrahal, puisque cette proposition de loi va être votée la semaine où ce syndicaliste de la RATP est passé en conseil de discipline – c'était lundi – pour avoir dénoncé des agressions sexuelles subies par une de ses collègues. C'est lui qui se trouve aujourd'hui menacé de licenciement, et non l'agresseur sexuel.
Si j'aborde ce sujet, c'est parce que je crois que les entreprises publiques doivent, d'abord et avant tout, être exemplaires sur la question de l'égalité entre les femmes et les hommes. À la suite de la convocation d'Ahmed Berrahal en conseil de discipline, trente et une femmes de la RATP ont pris la parole pour dénoncer le harcèlement et les agressions sexistes et sexuelles dont elles étaient victimes sur leur lieu de travail.
Je peux vous parler de celle qui a été défendue par Ahmed : un supérieur l'a embrassée de force et lui a touché les seins ; c'est ce qui a mené Ahmed devant le conseil de discipline et lui vaut de se retrouver menacé de licenciement. Je peux vous parler de Christelle, agressée sexuellement à deux heures du matin, à la fin de son service, par deux de ses collègues : les agresseurs n'ont évidemment pas été punis mais elle a dû changer de dépôt après une très forte dépression. Je peux enfin vous parler de N'Dylia, dont vous avez dû entendre parler puisque les médias ont évoqué son histoire : deux semaines après avoir annoncé à son employeur, la RATP, qu'elle était enceinte, elle a été accusée d'avoir écrasé un cycliste avec son bus et s'est fait licencier pour faute grave. Après cinq mois de calvaire, elle a perdu ses jumeaux du fait du stress occasionné par cette affaire. Le jour de leur enterrement, la RATP l'a rappelée pour lui dire qu'elle n'avait en fait écrasé personne et qu'elle pouvait être réintégrée, comme si de rien n'était.
Voilà quelques-unes des histoires racontées par des femmes devant le conseil de discipline. Toutes ont été défendues par le syndicaliste Ahmed Berrahal. Je crois qu'il faut faire preuve d'exemplarité et que malheureusement, la loi ne suffit jamais sans volonté politique pour l'appuyer.