Ma question porte sur le projet de réorganisation d'EDF, qui fait actuellement l'objet de négociations avec la Commission européenne. Du fait de la forte mobilisation des agents du centre nucléaire de production d'électricité de Chinon – le 8 avril dernier, le taux de grévistes avait atteint 50 % sur ce site –, je suis allée à la rencontre des délégués syndicaux pour recueillir leur avis sur ce projet anciennement baptisé Hercule.
J'ai tout d'abord le sentiment que tous les acteurs s'accordent sur la nécessité de faire évoluer l'organisation de cette entreprise stratégique – du fait de sa situation financière, mais aussi des investissements importants qu'elle va devoir engager. C'est la capacité d'EDF à investir dans les énergies d'avenir et à assurer les coûts de maintenance de son parc nucléaire qui se joue aujourd'hui. Néanmoins, les grandes lignes du projet présenté par le Gouvernement et la direction du groupe, notamment la division d'EDF en trois entités, suscitent une grande inquiétude chez les salariés. Plusieurs organisations syndicales y voient un risque de démantèlement du service public et un début de privatisation du groupe. Plus précisément, les syndicats redoutent une augmentation des prix de l'électricité et une remise en cause de l'accessibilité de ce bien commun.
Ils mettent en avant le fait que l'intégration de la filière ENEDIS au sein d'une entité ouverte aux capitaux privés ferait peser un risque sur la péréquation tarifaire, principe en vertu duquel tous les consommateurs paient le même prix, quel que soit leur lieu de résidence. Les syndicats craignent également une diminution des investissements dans les réseaux susceptible d'entraîner une dégradation de la qualité de service pour les usagers. Enfin, ils demandent qu'un débat ait lieu au Parlement sur les orientations à prendre.
Pour toutes ces raisons, je m'interroge, comme plusieurs de mes collègues, sur cette réforme et souhaiterais obtenir des éclaircissements sur les grands axes de ce projet ainsi que sur l'avancée des négociations avec la Commission européenne. Il est essentiel que le Gouvernement puisse rassurer les salariés d'EDF sur les conséquences de cette réorganisation, qui affectent l'une des entreprises les plus stratégiques de notre pays.