Intervention de Aurélien Taché

Séance en hémicycle du mardi 25 mai 2021 à 9h00
Questions orales sans débat — Pédopsychiatrie dans le val-d'oise

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurélien Taché :

Être triste et anxieux, perdu dans un monde en mal de repères, souffrir d'un grand sentiment de mal-être et s'inquiéter pour son avenir : voilà ce que c'est, non pas d'avoir 21 ans, mais 8, 12 ou 17 ans en 2021. Le covid-19 a révélé chez ces enfants, préadolescents ou jeunes adultes des angoisses existentielles insidieuses et lancinantes auxquelles vous êtes sensible, je le sais.

Dans ce contexte, je veux vous alerter, monsieur le secrétaire État chargé de l'enfance et des familles, sur la dangereuse désertification médicale qui frappe notamment mon département du Val-d'Oise. La pédopsychiatrie est particulièrement touchée par ce phénomène, ce qui entraîne des conséquences très graves sur l'offre de soins et le suivi des enfants et des jeunes concernés, que ce soit à court ou long terme.

L'actuelle crise sanitaire aggrave ce problème que tous les spécialistes de santé appellent déjà « troisième vague psychiatrique ». Cette absence de prise en charge et de suivi approprié a des répercussions importantes sur les enfants – risques de décrochage scolaire et social précoce – mais aussi sur les parents qui doivent parfois aller jusqu'à abandonner leur métier pour prendre soin de leur progéniture.

Les listes d'attente pour pouvoir consulter ces spécialistes ne cessent de s'allonger. Ma circonscription – la dixième du Val-d'Oise, un département jeune et populaire – compte trois centres de prise en charge pédopsychiatrique : celui de l'hôpital René-Dubos à Osny et les deux hôpitaux de jour situés l'un à Cergy-le-Haut et l'autre à Cergy-Préfecture.

À ce jour, près de 600 enfants sont inscrits sur liste d'attente. Il faut en moyenne attendre deux ans pour obtenir une consultation, ce qui est d'autant moins normal que certains jeunes sont dans une situation de détresse qui relève de l'urgence absolue. On renvoie chez eux, seuls, des enfants qui étaient parfois sur le point de mettre fin à leurs jours. Ils représentent un danger pour eux-mêmes comme pour leurs proches. Quand on sait que les psychiatres constatent des tentatives de suicide chez les enfants de plus en plus jeunes, faut-il attendre de funestes passages à l'acte pour faire quelque chose ?

Ce problème est la conséquence directe de la répartition de l'offre de soins entre Paris intra-muros – qui concentre le plus grand centre hospitalier universitaire (CHU) d'Europe et sept facultés de médecine – et la grande couronne. Les départements périphériques disposent de moyens beaucoup plus restreints pour une zone qui concentre tout de même 10 millions d'habitants et qui est en perpétuelle expansion.

À l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, on compte un temps plein pour quinze enfants suivis, contre 0,10 poste pour le même nombre d'enfants à Cergy. On compte un seul interne en service de psychiatrie à l'hôpital de Cergy, contre quinze à l'hôpital Robert-Debré. Les stages qui doivent avoir lieu en banlieue ou en zone périphérique sont régulièrement annulés et remplacés par une spécialisation à Paris.

Quelles sont les actions envisagées par le Gouvernement pour mettre fin à cette inégalité d'accès aux soins qui touche d'ailleurs bien d'autres secteurs que la psychiatrie ? Dans certaines spécialités où la demande est forte, la répartition des internes entre l'AP-HP et les établissements de la grande couronne pourra-t-elle être rééquilibrée ? Que pensez-vous de l'idée d'imposer une permanence des soins dans le secteur privé ? Cette solution est préconisée par de nombreux professionnels de santé, notamment des pédopsychiatres, afin de délester certains services d'hôpitaux publics pris d'assaut et de permettre une répartition équitable du travail à accomplir.

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