Intervention de Stéphane Peu

Séance en hémicycle du mardi 25 mai 2021 à 15h00
Questions au gouvernement — Manifestation des policiers

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Peu :

Monsieur le Premier ministre, je veux me faire l'écho de notre très sérieuse inquiétude, qui est celle de nombreux Français, devant une dérive grave qui met en péril l'État de droit et menace le débat public. Elle s'est manifestée à deux reprises ces derniers jours. Mercredi, alors que se réunissaient les policiers en deuil devant notre assemblée en présence du ministre de l'intérieur et de plusieurs d'entre nous, des syndicalistes ont fustigé le pouvoir judiciaire, l'Assemblée nationale et notre Constitution. Dimanche, le ministre de l'intérieur a annoncé vouloir porter plainte contre Audrey Pulvar.

Nous prenons solennellement la parole pour vous mettre en garde contre ces propos et ces actes inquiétants. Inquiétants quand, oublieux des mots de Pascal qui prévenait « La justice sans la force, c'est l'impuissance, la force sans la justice, c'est la tyrannie », vous vous soumettez le jour même aux injonctions en amendant dans l'urgence votre projet de loi Justice.

Inquiétante aussi, la conception du débat public qu'a le Gouvernement lorsqu'il interdit de manifester la solidarité avec le peuple palestinien ou lorsqu'il souhaite censurer une candidate à l'élection régionale.

Inquiétantes encore, les libertés prises avec notre Constitution quand près de 50 % des textes de cette législature sont déclarés inconstitutionnels.

Inquiétant, enfin, ce vent mauvais qui souffle sur le pays, quand aux portes de l'Assemblée on réclame de « faire sauter les digues de la loi et de la Constitution ». Oui, ces mots sont « glaçants ». Alors, monsieur le Premier ministre, serez-vous cette digue ? Vous souviendrez-vous des mots de Montesquieu : « Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir » ?

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