Agir contre le terrorisme, ce n'est pas s'agiter de manière politicienne ni faire croire que ceux qui vous critiquent seraient du côté des assassins islamistes terroristes qui nous frappent et veulent nous faire peur. Ayez la modestie de vous souvenir que vous avez tous exercé le pouvoir et que la situation sur le front de la lutte antiterroriste ne s'est pas améliorée.
S'agissant du renforcement de PHAROS – plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements –, vous nous avez entendus, monsieur le ministre de l'intérieur, et c'est tant mieux puisque nous avons souvent pointé le manque de moyens humains – voyez, monsieur le garde des sceaux, que nous faisons des propositions.
Mais les derniers attentats nous l'ont appris, Stéphane Peu l'a souligné, ce sont souvent les défaillances des services de l'État qui fabriquent, hélas, des radicalisés – qu'il s'agisse des insuffisances du suivi psychiatrique ou des conditions de détention, monsieur le garde des sceaux. Travaillons là-dessus ! Dans le cas de la policière poignardée, il est établi que l'auteur de l'attentat s'est radicalisé au sein même de la prison alors qu'il souffrait de troubles psychiatriques. Le fait de le dire ne nous place du côté des assassins mais de celui de la réalité et de l'efficacité, loin du baratin qui vise à faire croire que vous agissez ! Aujourd'hui, la prison et les défaillances dans le suivi psychiatrique fabriquent des terroristes. Et c'est dans ces domaines que nous voulons agir.
Qu'en est-il du traitement massif des données dans la surenchère technologique que vous nous proposez ? Je note que sur les cinquante-neuf attentats déjoués depuis 2013, cinquante-huit l'ont été grâce à des interventions humaines et à du renseignement. La société américaine Palantir, liée à la CIA – Central Intelligence Agency –, travaille avec la DGSI depuis 2016 : se verra t-elle confier de nouvelles tâches ? Si tel est le cas, nous pouvons nous inquiéter d'une possible ingérence.
Enfin, notre position reste inchangée sur les visites domiciliaires dont vous souhaitez le maintien. Un rapport du Sénat indique que de 2017 à 2019, une seule des 149 visites domiciliaires a permis de déjouer un attentat terroriste.
Vous l'aurez compris, messieurs les ministres, chers collègues : l'ensemble de nos critiques et notre attitude ne traduisent pas un soutien aux terroristes. Le style, c'est l'homme, monsieur le garde des sceaux, et le vôtre indiscutablement est assez reconnaissable. Je laisse les arguments simples aux esprits simplistes. À nos yeux, l'agitation gouvernementale cache l'affaiblissement des libertés dont le texte est porteur.