Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 1er juin 2021 à 15h00
Prévention d'actes de terrorisme et renseignement — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

28 mai 2021, 23 avril 2021, 29 octobre 2020, 16 octobre 2020, 25 septembre 2020 : ces dates, dont la litanie n'est malheureusement pas exhaustive, correspondent aux jours où notre pays a été ensanglanté par des fous d'Allah, ces islamistes qui frappent, poignardent, égorgent, décapitent sous nos fenêtres, dans nos rues, ou à côté de chez nous. La France, pays le plus touché par les attentats islamistes commis en Europe et en Amérique du Nord, concentre à elle seule près de 44 % des attentats islamistes et 42 % des victimes en Europe.

Je vais vous le dire franchement, j'en ai assez : assez des mauvaises réponses apportées à de vrais problèmes, assez de cette fausse pudeur des gouvernements successifs trop lâches pour nommer le mal, assez de voir la France se scléroser et les Français ne plus se sentir en sécurité chez eux, assez d'entendre, lorsque certaines mesures fortes sont proposées : « Impossible, c'est anticonstitutionnel. »

Quel est donc ce pays qui se cache derrière des normes qui ne sont manifestement plus adaptées ? Si la Constitution n'est plus capable d'offrir le cadre nécessaire pour assurer la sécurité des Français, alors je le dis : changeons-la, et de toute urgence. Stop, donc, aux Beauvau de la sécurité, aux marches blanches et aux bougies ; stop aux énièmes lois antiterroristes en demi-teinte qui ne nous donnent pas les moyens de gagner cette guerre contre les terroristes, contre les islamistes, afin de protéger notre art de vivre, notre identité, notre héritage, notre civilisation.

Si nous devons encore une fois légiférer, alors que ce soit la bonne.

Je suis donc d'accord avec vous pour élargir la fermeture des lieux de culte aux locaux qui y sont rattachés mais pourquoi la limiter à six mois ? Qu'elle soit appliquée autant que de besoin, selon une durée laissée à l'appréciation des juges.

D'accord avec vous pour que de véritables mesures de surveillance des islamistes sortant de prison soient instaurées, mais, s'il vous plaît, pas de fausse naïveté : notre système ne fonctionne pas. Il y a pourtant urgence : en mars 2020, dans les prisons françaises, 534 personnes étaient détenues pour des actes de terrorisme en lien avec la mouvance islamiste et 154 d'entre elles devaient être libérées dans les trois ans qui viennent ; selon le renseignement pénitentiaire, 853 détenus de droit commun sont considérés comme radicalisés, dont 327 doivent être libérés avant fin 2022.

D'accord avec vous pour fluidifier la coopération entre les services de renseignement car dans un contexte de guerre asymétrique, plus nos services de renseignement travailleront de concert, plus notre action sera efficace. Je le dis avec d'autant plus de conviction que seul un renseignement affûté permettra de renforcer la prévention des actes terroristes. Je tiens d'ailleurs à saluer et à rendre hommage à tous nos services de renseignement qui ont aidé à déjouer pas moins de 36 attentats en France depuis 2017, comme ce fut le cas à Béziers, en avril dernier, contribuant ainsi à sauver de nombreuses vies.

Alors faites donc mais, par pitié, ne nous dites plus, comme j'ai pu l'entendre en commission, que le bracelet électronique serait trop intrusif ; ne demandez plus aux personnes qui doivent être fouillées si elles sont d'accord. Arrêtez de vous voiler la face et de retoquer toutes les mesures de protection des Français sous prétexte que, peut-être, le Conseil constitutionnel les censurera. Au contraire, renforçons les sanctions pénales à l'encontre de toute personne encourageant la commission d'actes terroristes ; rendons possible aux maires l'accès au fichier national automatisé des auteurs d'infractions terroristes ; expulsons hors de France toute personne de nationalité étrangère figurant dans ce FIJAIT dès lors qu'elle a fait l'objet d'une condamnation ; enfin, contrôlons davantage ce qui se passe dans nos prisons en réglementant strictement l'accès au téléphone et à internet des personnes radicalisées.

Il n'est plus temps d'opposer sécurité et liberté car la sécurité est le socle préalable à l'exercice de nos libertés ; il est temps, en revanche, de regarder en face les liens entre immigration et terrorisme. C'est une évidence, l'idéologie islamiste s'est développée en France et en Europe à la suite des politiques migratoires des quarante dernières années. Faut-il vous le rappeler, parmi les 42 auteurs d'attentats terroristes recensés depuis l'attentat contre Charlie Hebdo, seuls quatre ne sont pas d'origine immigrée. C'est un fait, pas une affaire d'idéologie, simplement un fait. Tant que nous refuserons de regarder cette réalité en face, notre lutte antiterroriste sera vaine. Au fond, tout cela n'est qu'une affaire de lucidité et de courage.

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