Or c'est sur ce point, mesdames et messieurs de la majorité et du Gouvernement, que vous vous heurtez à une contradiction. Vous nous dites que l'ouverture de l'AMP à toutes les femmes n'a pas de conséquence sur l'évolution d'une société dans laquelle, comme on le voit concrètement aujourd'hui, une femme seule, deux femmes ou deux hommes élèvent un ou plusieurs enfants, et que notre rôle, en tant que responsables politiques et que législateurs, n'est pas de juger qui – couple hétérosexuel ou homosexuel, homme seul ou femme seule – est le mieux à même d'élever un enfant.
Mais ces questions n'ont strictement rien à voir avec ce qui est défini par le droit. En la matière, celui-ci prévoit que la filiation de l'enfant est déterminée par l'existence d'un lien indéfectible – même s'il peut être remis en cause par des décisions de justice – et que ledit enfant est le fruit de la rencontre, sinon d'un homme et d'une femme, du moins d'un gamète mâle et d'un gamète femelle.
J'entends les jugements de valeur parfois portés aujourd'hui sur ce droit de la filiation, considéré comme suranné ou anachronique. Celui-ci repose cependant sur une réalité biologique indépassable. C'est justement ce fondement que vous devez aujourd'hui remettre en cause, voire saper, pour justifier l'idée selon laquelle l'AMP permet à toutes les femmes de construire un projet parental.
À ceux qui contestent le caractère indiscutable de la réalité biologique, je réponds que la réalité, ou en tout cas la vraisemblance biologiques sont indépassables. Or, au vu de l'article 4, vous en faites fi, au prix de contradictions dont nous ne parvenez pas à sortir. En parlant de comaternité, vous remettez en question – ce qui est pourtant impossible, aussi bien d'un point de vue biologique que juridique – le fait que la mère est la personne qui accouche.