Monsieur le Premier ministre, depuis plusieurs jours, nous voyons l'exécutif multiplier les ballons d'essai concernant la réforme des retraites. Cette grande réforme promise par Emmanuel Macron semblait enterrée depuis le premier confinement. Soyons honnêtes : dès le départ, elle était vouée à l'échec. D'ailleurs, le Président de la République a lui-même reconnu que cette réforme était très ambitieuse, extrêmement complexe et, du coup, porteuse d'inquiétudes.
Le Gouvernement avait également pêché par défaut d'humilité, en voulant tout à la fois une réforme paramétrique pour faire des économies et une réforme systémique pour – en principe – assurer plus de justice et de lisibilité. Un « en même temps » pour satisfaire tout le monde, mais qui n'a convaincu personne. La méthode du Gouvernement d'avancer à marche forcée s'est achevée par l'activation du 49.3, nous nous en souvenons tous, puis par le gel de la réforme.
Nous y revoici donc. Le Président de la République annonce des décisions difficiles ; des fuites évoquent la piste du recul de l'âge légal de départ à la retraite. Un rapport du COR prévoit un déficit de 18 milliards d'euros en 2020 et le retour à l'équilibre n'est envisagé, au plus tôt, qu'en 2030. Face à cette situation, les messages sont contradictoires et les intentions ne sont pas claires. La majorité et le Gouvernement semblent bien divisés sur l'opportunité de mener à bien cette réforme, sur son calendrier ou sur l'opportunité de la lier à la réforme – tant de fois reportée – de la dépendance.
Monsieur le Premier ministre, ma question est toute simple : allez-vous réformer jusqu'au dernier quart d'heure ? Quel scénario envisagez-vous ? Comptez-vous y associer pleinement, cette fois-ci, les partenaires sociaux ? L'incertitude et le flou doivent cesser, clarifiez vos intentions !