Absolument ! Il est d'ailleurs toujours bon de faire un peu d'histoire, dans cet hémicycle. Il faut donc se remémorer que le dessein d'Ambroise Croizat est exprimé par le programme du Conseil national de la Résistance, en 1944 : « Nous, combattants de l'ombre, exigeons la mise en place d'un plan complet de Sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion par les intéressés et l'État. » Au poste de ministre du travail, en deux ans seulement, il a rétabli les libertés syndicales et institué la généralisation des retraites, un système de prestations familiales unique au monde, les comités d'entreprise, le statut de délégué du personnel, la médecine du travail et la majoration des heures supplémentaires, pour ne s'en tenir qu'à ces mesures.
C'est à lui que nous devons cet humanisme, au nom duquel n'importe qui peut aujourd'hui être soigné sans se préoccuper de savoir qui paiera et quand le paiement sera effectif. N'oublions pas que, dans d'autres pays, il faut donner sa carte de crédit avant même d'être accepté aux urgences d'un hôpital. Notre système de soins repose sur les valeurs de partage portées par ce militant de la Confédération générale du travail, qui disait : « Jamais nous ne tolérerons que soit rogné un seul des avantages de la Sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie cette loi humaine et de progrès. » La CGT fut d'ailleurs la cheville ouvrière de la mise en place concrète sur l'ensemble du territoire national de la « Sécu ». L'oeuvre fut complexe et difficile, mais le résultat porte ses fruits depuis soixante-dix ans. Artiste de la plus respectable des politiques, Ambroise Croizat a mis tout son art au service de l'intérêt des gens, et a été reconnu comme tel par le peuple français.