Nous sommes censés interroger le Gouvernement sur les dispositifs qu'il a mis en place en faveur du maintien dans l'emploi pendant la crise. Ma première question sera toute simple : alors que l'État aura rarement mis autant d'argent sans contrainte dans les entreprises au cours de son histoire, qu'avez-vous fait pour éviter les licenciements massifs qui ont lieu même au sein d'entreprises qui continuent à faire des bénéfices ?
Une carte de France vient d'être publiée, localisant les centaines de plans sociaux en cours dans ce pays. Nombre d'entre eux, je le répète, ne sont pas motivés par des raisons économiques. Comment justifiez-vous que de grandes entreprises du CAC40 comme Renault ou Air France aient pu supprimer 5 000 ou 7 000 postes tout en étant soutenus par nos impôts ?
Comment expliquer – et surtout comment accepter – que vous n'ayez pas mis en place de règles aussi simples et nécessaires que le conditionnement du versement d'aides publiques ? Il aurait été simple d'interdire toute aide à des entreprises qui distribuent des dividendes, ou d'interdire les licenciements dans les entreprises qui font des profits et reçoivent des aides publiques.
Rappelons quelques situations de ce type. Le propriétaire américain du sous-traitant de l'automobile et l'aéronautique PPG – anciennement Le Joint français – vient de décider d'externaliser la production de cette entreprise pourtant bénéficiaire, ce qui se traduit par un plan social. Mon propos vaut pour les donneurs d'ordres. Des salariés d'Alvance Aluminium Wheels manifestent actuellement devant l'Assemblée nationale contre la fermeture de leur entreprise qui emploie 280 salariés à Châteauroux, dans l'Indre, dans une région complètement déshéritée. Nombre de sous-traitants de l'automobile – il y en a aussi à La Souterraine et ailleurs – voient baisser les commandes car Peugeot et Renault préfèrent acheter leurs pièces – en l'occurrence des jantes en aluminium – ailleurs en Europe ou de l'autre côté de la Méditerranée. Chacun conviendra pourtant que l'on aura toujours besoin d'aluminium dans ce pays.
Comment accepter cette désertification industrielle au moment même où vous mettez tellement d'argent dans l'économie ? Qu'attendez-vous pour aller voir Renault et Peugeot et leur dire que les milliards d'euros donnés resteront sur la table, à condition que ces entreprises ne ferment pas ? Allez expliquer cela aux salariés qui sont en colère. Pour ma part, je les comprends : c'est insupportable ! Quand le Gouvernement va-t-il agir pour éviter ce genre de scandale : des boîtes font des bénéfices avec nos impôts, ferment des usines alors même qu'elles reçoivent des aides publiques ?