À ce jour, la France est le seul membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU à avoir échoué à développer un vaccin anti-covid. Il faut prendre ce fait très au sérieux, car il montre quelles sont nos capacités en matière d'innovation thérapeutique – en plus des déconvenues que nous avons connues sur les masques et sur les tests. En effet, 2020 n'a pas été un accident de parcours : il y a bien un problème structurel dont souffre aujourd'hui l'innovation thérapeutique en France, sachant que nous sommes passés de leader européen dans l'industrie pharmaceutique à la quatrième place en une quinzaine d'années.
Le lundi 7 juin dernier, lors d'un débat sur Public Sénat, le secrétaire d'État chargé de la transition numérique, Cédric O, a dénoncé un sur-contrôle sur le développement des biotechnologies qui aurait été causé par un dévoiement du principe de précaution en principe d'inaction. Ce serait l'explication du retard français dans la stratégie vaccinale. Il a notamment visé les essais cliniques, qui seraient régis par un cadre beaucoup trop contraignant. Je me suis penché sur cette hypothèse et je profite de cette séance de questions pour vous interroger, madame la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. D'où vient cette explication du secrétaire d'État ? Est-elle fondée et dans quelle mesure concerne-t-elle spécifiquement les essais cliniques ? Car pour moi, le principe de précaution n'est pas un principe d'inaction, mais un principe d'action visant d'abord à empêcher une prise de décision qui s'avérerait destructrice d'un point de vue physique, mais également éthique. Il faut relativiser la fuite des essais cliniques hors de France : si les chiffres demeurent très élevés, il faut noter que même dans des pays comme la Grande-Bretagne et l'Allemagne, la moitié des start-up ont effectué des essais cliniques à l'étranger. Une étude de l'institut de hautes études internationales et du développement de Genève a compilé les investissements réalisés par les pays et par les organismes pour financer la recherche vaccinale contre la covid-19 : les deux plus gros contributeurs, et de loin, sont les États-Unis et l'Allemagne.
Dès lors, j'aimerais connaître la position du Gouvernement sur le financement de la recherche vaccinale contre la covid-19 en France. Envisagez-vous de rattraper ce retard flagrant en termes de financement ?