Le rapport 2021 de France Biotech pointe du doigt un manque de champions nationaux dans le domaine, freinés qu'ils sont par une difficulté à attirer des équipes expérimentées et pluridisciplinaires : « Le savoir-faire et la capacité à exécuter doivent être renforcés à tous les niveaux dans l'écosystème : réussir un passage à l'échelle implique une équipe expérimentée et internationalement reconnue sur chacun des postes-clefs, un accompagnement par des investisseurs spécialisés, une expertise au sein des régulateurs et des évaluateurs, et une culture de mobilité et d'adaptabilité pour répondre aux enjeux qui évoluent au cours de la vie de la Health Tech. »
Une récente audition de l'OPECST – Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques – a fait remonter un manque de personnel formé aux questions pointues des biotechniques. Il existe quelques formations excellentes, mais les professionnels qui en sortent sont trop peu nombreux par rapport aux besoins du pays pour constituer une filière compétitive. De plus, la fragmentation entre le monde de l'entreprise, les pôles d'enseignement et de santé des centres hospitaliers universitaires (CHU), les maisons de médecine, etc., ne favorise pas la montée en compétences et l'innovation. À ces facteurs structurels s'ajoutent des éléments conjoncturels qui ont pu expliquer le retard français. Sur cent vingt-deux entreprises de la Health Tech interrogées en 2020 par France Biotech, vingt-trois avaient engagé une activité de recherche contre le covid-19. Parmi ces vingt-trois entreprises, dix rencontrent aujourd'hui des difficultés financières ou en matière de trésorerie, mais aussi des problèmes d'ordre clinique ou logistique comme l'accessibilité des sites, des animaleries fermées, etc.
Tous les acteurs de la filière – industriels, chercheurs, entrepreneurs, administration et patients – partagent un même constat. Sans financement adéquat, sans écosystème réunissant industries et universités, l'innovation française s'éteint avant de se développer. En somme, pour sécuriser sa croissance, nous avons besoin d'un équivalent de la BARDA – Biomedical Advanced Research and Development Authority –, l'agence américaine qui finance et accompagne la recherche biomédicale. Il est prévu de créer, d'ici la fin 2023, une autorité pour la réaction aux urgences sanitaires, Health Emergency Preparedness and Response Authority (HERA), sur le modèle de la BARDA. Quand et comment comptez-vous participer à la création de cette agence européenne ? Comment la France pourra-t-elle contribuer efficacement à la HERA tout en conservant son autonomie et son indépendance ?