Concernant le financement de la recherche vaccinale, la question qui devrait tous nous préoccuper ici est la suivante : pourquoi la France n'a-t-elle pas été capable de financer et de produire un vaccin contre le covid-19 ? Qu'est-ce que cela dit de l'état de la recherche dans notre pays, de notre système de financement, et surtout du désengagement progressif mais dramatique de l'État vis-à-vis de la recherche publique et de la recherche fondamentale ?
Comment peut-on continuer à financer de grands groupes privés, qui n'en ont pas besoin, via le crédit d'impôt recherche (CIR), sans rien en attendre en retour ? Car ce sont bien eux qui en profitent le plus : la moitié du CIR est accaparée par cinquante grands groupes, ceux qui en profitent, alors que 80 % des créations d'emplois dans la recherche et développement se font dans des entreprises de moins de 500 salariés. Ce sont eux qui en profitent alors que, selon l'Institut des politiques publiques (IPP), aucun élément ne laisse penser que le CIR est adapté pour développer l'innovation, et que le récent rapport de France Stratégie confirme que c'est une formule inefficace.
Bien sûr, ce sont notamment les profiteurs de crise comme Sanofi qui en jouissent. Ce groupe a cumulé 1 milliard d'euros d'argent public en dix ans via le CIR ; ce groupe qui aura sans scrupules, en 2020, à la fois augmenté son bénéfice net de 340 %, augmenté son dividende et bénéficié de la baisse d'impôts et n'aura pas été capable de produire un vaccin ; ce groupe qui, surtout, pendant qu'il touchait tout cet argent, n'a pas hésité à fermer un centre de recherche de plus et à licencier des centaines de personnes rien que dans la recherche.
Comment peut-on laisser faire ça, surtout après les enseignements de la crise du covid ? Comment peut-on laisser ces grands groupes réaliser de tels profits avec des aides sans contrepartie sociale, sans rien faire pour qu'ils cessent de privilégier leurs petits profits plutôt que la santé publique ? Qu'aurions-nous pu faire si tout cet argent, ces milliards d'euros avaient plutôt, comme les chercheurs l'exigent depuis plusieurs décennies, bénéficié à leur recherche et à leur recherche fondamentale ?