Le grand port de Marseille-Fos est le premier port maritime de France et le quatrième d'Europe. Il représente un atout majeur de l'activité économique régionale et nationale, ainsi qu'un acteur incontournable des échanges internationaux industriels, en particulier pour ce qui concerne les bassins ouest, dont la situation géographique spécifique en fait le seul port de Méditerranée qui soit accessible par des modes de transport aussi diversifiés : mer, fleuve, fer et route.
En dépit de cette situation avantageuse, l'accessibilité aux bassins ouest et à leurs infrastructures terrestres n'est pas à la hauteur de l'activité, ce qui constitue une entrave et provoque des nuisances pour la population. Existe-t-il en effet beaucoup de ports de cette envergure qui soient desservis par une seule voie routière, en l'occurrence la route départementale 268, qui supporte un trafic élevé, dont 30 % de poids lourds ? Depuis de nombreuses années, population, élus et professionnels demandent la mise en deux fois deux voies de cette route départementale, afin de sécuriser le trafic jusqu'à la ville de Port-Saint-Louis-du-Rhône qui mériterait d'être mieux desservie – j'en profite pour vous interroger sur l'action de l'État sur ce dossier.
Existe-t-il aussi beaucoup de ports de cette envergure qui soient desservis par une seule voie ferroviaire ? Il s'agit d'un aménagement prioritaire, au regard des enjeux de pollution atmosphérique et de réchauffement climatique : le trafic ferroviaire dans le golfe de Fos, bien trop faible, représente 10 % du trafic national et compte soixante-dix agents, soit cinq fois moins qu'il y a vingt ans. Il convient donc de développer l'accès au port par le ferroviaire. Le 6 mai dernier, j'ai participé à une table ronde – demandée de longue date par les cheminots – sur l'avenir de la gare de triage de Miramas, au cours de laquelle la SNCF et l'État se sont engagés à d'importants investissements en vue de rénover cette gare : il s'agit d'une bonne nouvelle, sous réserve de garantir le scénario haut.
Cependant, si le réseau connexe n'est pas adapté en conséquence, les effets demeureront insuffisants. Pour assurer une meilleure liaison entre le port et la logistique et envisager un report accru de la route vers le ferroviaire, des aménagements sont nécessaires sur et vers le port : la réalisation de voix supplémentaires sur les quais et l'aménagement d'une voie complémentaire depuis Vigueirat, qui pourrait aussi être utilisée pour le transport de voyageurs. Nombre d'acteurs sont intéressés par cette solution, dont le coût est estimé à cinq millions d'euros. Mettons un grand coup d'accélérateur sur le fret, qui constitue un enjeu de santé, de sécurité et d'aménagement !
Ce territoire singulier avoisine des villes, des industries et des espaces naturels protégés tout en accueillant le premier port de France : l'aménagement doit être à la hauteur. Le plan de relance doit intégrer pleinement la transition écologique des bassins ouest du grand port maritime et prendre à bras-le-corps les enjeux environnementaux, de transports et de mobilité. Le Gouvernement est-il prêt à s'engager dans cette voie ?