Il est temps que la France, vraiment, s'attarde sur ce sujet, qu'elle prenne conscience qu'en effet, pour des raisons d'État, nous avons été à l'époque sacrifiés – il n'y a pas d'autre mot. Les archives disponibles aujourd'hui sont explicites, des textes montrent qu'il y a eu des échanges sur l'opportunité de prévenir ou pas des conséquences, la conclusion étant qu'il fallait surtout ne rien dire, parce qu'il y avait le risque alors de perdre le site des essais nucléaires. Mais, mes chers collègues, si on a effectué 193 tirs le plus loin possible, à 20 000 kilomètres d'ici, ce n'est pas pour rien ! Les Polynésiens demandent vraiment à être reconnus pleinement, ce qui passe par des actes clairs de réparation. C'est seulement à cette condition que nous reprendrons le chemin de la confiance.
Je remercie mon collègue Moetai Brotherson pour son initiative, nous sommes d'accord sur le constat et je suis solidaire d'un grand nombre de ses propositions. Il est vrai que le contexte est particulier en raison des révélations que j'ai évoquées et je tiens à remercier le Président de la République de s'être saisi de ce sujet. Nous attendons beaucoup de ce grand rendez-vous dans deux semaines, madame la ministre. Je comprends que la majorité ne pourra pas soutenir ce texte aujourd'hui puisqu'il s'agit d'avancer tous ensemble lors de cette table ronde, mais certainement pas pour enterrer ce dossier ! Pour nous, cette table ronde est un point de départ, nous n'allons pas tourner la page : nous allons, au contraire, ouvrir la page de toute la vérité pour faire toute la lumière sur ce qui s'est passé afin de rendre pleinement justice à tous ceux à qui on la doit.
Mes chers collègues, je vous remercie d'être ici ce soir avec nous. Ce dossier n'appartient pas qu'aux Polynésiens : il appartient à notre histoire commune. Nous attendons des réponses ce soir sur les sujets abordés par cette proposition de loi, mais il est vrai qu'il n'y a pas que le volet sanitaire et environnemental. Mon cher collègue Moetai Brotherson, vous savez que nous avons toujours été unis sur cette question : j'espère que vous participerez avec nous à cette table ronde et que nous pourrons ensuite, ensemble, bâtir une solution unanime, avec toute la classe politique, avec les associations, avec tous ceux qui œuvrent depuis tellement de décennies pour qu'enfin nous puissions reconstruire ensemble un chemin de développement durable et beaucoup plus apaisé qu'aujourd'hui. .