Intervention de Laurence Dumont

Séance en hémicycle du vendredi 18 juin 2021 à 15h00
Politique de l'emploi et réforme de l'assurance chômage

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Dumont :

Même si cette phrase prononcée en mars dernier semblait déjà en complet décalage avec la grave pandémie et ses effets sur l'emploi et l'économie, mes collègues de l'opposition et moi-même pensions qu'avec la crise sanitaire, vous n'oseriez pas mener à bien cette réforme. Mais les voies de l'élection présidentielle sont tracées, parées de cette idéologie libérale qui prône – c'est même sa colonne vertébrale – la rigueur budgétaire dans ce domaine.

Car au fond, quel est l'objectif de cette prétendue réforme, sinon des économies ? Vous les réaliserez sur le dos des personnes fragilisées par la perte d'un emploi – celles et ceux que vous appelez « chômeurs » et que je préfère appeler « demandeurs d'emploi », celles et ceux qui veulent un emploi, qui veulent travailler. Mais ceci est à des années-lumière de vos préoccupations du moment. Votre priorité, c'est de continuer à donner des signes à votre électorat, à faire comprendre aux plus nantis, aux plus riches, que celles et ceux qui perdent leur emploi ne seraient que des profiteurs de notre système de solidarité nationale. C'est indigne.

Réformer coûte que coûte, donc, et à n'importe quel prix, humain et social. Montrer que vous réformez, même si cela ajoute de la précarité à la précarité pour des centaines de milliers d'hommes et de femmes dans notre pays. Car il s'agit bien de cela : le nouveau mode de calcul va pénaliser 1 150 000 des 2,8 millions de nouveaux demandeurs d'emploi attendus entre juillet 2021 et juillet 2022. En moyenne, ces personnes verront leur allocation diminuer d'environ 17 % par rapport à ce qu'elles auraient touché si vous n'aviez pas changé les règles du jeu. Parmi elles, 365 000 perdants, qui auraient dû percevoir en moyenne 885 euros net par mois, ne toucheront plus que 662 euros. C'est une baisse de 30 %, pour ceux qui sont déjà tellement fragilisés. Avec un tel niveau de ressources, comment pensez-vous que ces demandeurs d'emploi peuvent s'en sortir ? Interrogez donc les responsables des associations caritatives qui voient le nombre de bénéficiaires d'aides augmenter depuis un an ! Imaginez-vous seulement que ces femmes et ces hommes puissent vivre dignement avec 662 euros par mois ? Comment faire pour continuer à payer son loyer, son électricité, ses charges, ou pour se nourrir, tout simplement ?

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