« Aucune Française, aucun Français, ne sera laissé sans ressources », Emmanuel Macron, 16 mars 2020. « Nous ne laisserons tomber personne », Bruno Le Maire, 27 mars 2020. Et pourtant, madame la ministre, ils sont 2,3 millions d'intermittents de l'emploi que vous avez condamnés à la mort sociale ; 60 % d'entre eux ont moins de 34 ans. Du jour au lendemain, la crise sanitaire a balayé leur job et leurs revenus d'un même geste. Celles et ceux qui servent vos repas, assurent votre sécurité, font la plonge en coulisse, vous guident au musée, ont dû manifester durant des mois pour que vous daigniez réagir. Dans votre immense bonté, vous avez indemnisé une infime partie d'entre eux avec un revenu de 900 euros – inférieur au seuil de pauvreté –, mais attention, avec des conditions. Résultat : la majorité d'entre eux restent sans aucun droit.
Vous ne dissimulez même pas votre acharnement à leur égard. Les intermittents de l'emploi seront les premières victimes de votre réforme indigne de l'assurance chômage. Le collectif des intermittents précaires sonne l'alerte : leurs allocations vont baisser de 50 %. Dommage qu'ils ne soient pas des entreprises du CAC40 ! Pendant que vous durcissez les conditions qui ouvriront aux premiers l'accès à un revenu bien inférieur au seuil de pauvreté, vous arrosez les secondes d'argent public, sans conditionnalité sociale, fiscale ou écologique. Cette année, 15,5 milliards supplémentaires ont été versés à des entreprises, sans aucune contrepartie ; en 2020, 155 milliards d'argent public ont été débloqués pour soutenir les entreprises privées ; 100 % des groupes du CAC40 ont bénéficié et bénéficient encore d'aides publiques spéciales covid-19.
On connaît la chanson, madame la ministre : quoi qu'il en coûte pour les multinationales et pas d'argent magique pour les intermittents de l'emploi et pour les chômeurs en général, que vous dépouillez pour faire 2,3 milliards d'économies. Voici l'indécence de votre politique. Faut-il s'appeler Air France ou Sanofi pour que la solidarité nationale s'applique enfin ? Renoncez à cette réforme de l'assurance chômage, renoncez à cette réforme de la honte.