À l'aube de la crise sanitaire, la réforme de l'assurance chômage était déjà vivement critiquée partout dans notre pays. Alors que les Français commencent à nourrir l'espoir d'un répit après une troisième vague douloureuse, vous avez décidé qu'il était temps de relancer la réforme à marche forcée. Timorés quand il s'agit de lutter contre la précarité, vous avez bien moins de pudeurs quand il s'agit de précariser les jeunes actifs et de brider le dialogue social, deux aspects sur lesquels il m'a paru nécessaire de vous interpeller.
Il va sans dire que la réforme est clairement insuffisante pour combattre la précarité – c'est à se demander si vous avez réellement l'ambition de lutter contre les contrats courts ; le doute est permis. Pensez aux jeunes qui sont les premières victimes de la brutalité de ces va-et-vient infernaux entre activité et chômage ! Vous ne les protégez pas ! La nouvelle méthode de calcul du salaire journalier affectera 700 000 d'entre eux. Que dire de la majoration du taux de contribution de l'employeur à l'assurance chômage, trop peu dissuasive, ou de la délimitation imprécise du bonus-malus ? Une clarification s'impose.
Si le doute est permis sur votre intention de lutter contre la précarité, il est indubitable, en revanche, que vous ne frémissez pas à l'idée de déclasser 1,15 million de demandeurs d'emploi, dont l'allocation baissera en moyenne de 17 % le mois prochain.
Enfin, de grâce, faites confiance aux partenaires sociaux. En l'état, les syndicalistes et les spécialistes sont unanimes pour constater leur marginalisation. Si, comme je le crains, les syndicats sont condamnés à n'être plus que des spectateurs revendicatifs, si ce n'est vindicatifs, vous serez les premiers à les critiquer.
Madame la ministre, étendrez-vous le système de bonus-malus à la majorité des secteurs d'activité ? Que comptez-vous faire pour réhabiliter la négociation collective ?