Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du vendredi 18 juin 2021 à 15h00
Externalisation des services publics — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Les PPP démontrent à eux seuls la rapacité des multinationales, qui volent l'argent dans les poches des contribuables pour le mettre dans les poches de leurs actionnaires.

Avec la privatisation et les PPP, ce sont naturellement les fonctionnaires qui sont supprimés en très grand nombre, ce qui affaiblit considérablement les savoir-faire de l'État. La fonction publique d'État a perdu près de 200 000 agents depuis 2005 : pendant cette période, 35 emplois ont été supprimés chaque jour dans la fonction publique, sans compter le transfert de 220 000 agents vers des établissements publics sous contrat privé.

Il faut y ajouter la diminution des dotations de l'État aux collectivités territoriales, obligées de diminuer drastiquement leurs budgets de fonctionnement et de sous-traiter certaines de leurs actions. Évidemment, la suppression et le transfert d'autant de fonctionnaires, cela finit par se voir !

Et cela s'est vu – dans la justice ; dans l'enseignement supérieur ; dans l'éducation nationale, à tel point que l'on n'arrive plus à trouver de professeurs pour répondre aux besoins des enfants ; dans les services publics du sport ; chez les policiers ; chez les douaniers ; chez les contrôleurs du travail ; chez les contrôleurs fiscaux ; et, bien sûr, dans tout le service public hospitalier, la crise n'ayant pas empêché de lever le voile sur la situation des hôpitaux. Et que dire de la diplomatie française, qui a perdu la moitié de ses effectifs en vingt ans !

Non seulement de telles suppressions de postes obligent les ministères et les collectivités à faire appel au privé, notamment pour les services informatiques, de nettoyage de locaux ou de jardinage, mais elles mènent, de plus en plus, à dépasser ce type de sous-traitance. Alors même qu'elle est au cœur du pouvoir régalien de l'État, l'armée est de plus en plus aidée par des sociétés de sécurité privées. De la même manière, la sous-traitance massive que pratiquent les ambassades de France dans le monde entier affaiblit la sûreté de nos représentations à l'étranger.

Si le statut de fonctionnaire offre des emplois stables et correctement rémunérés, les entreprises titulaires des contrats usent et abusent de contrats courts, précaires et mal payés – tel a par exemple été le cas des femmes de ménage de l'Assemblée nationale. Où est la plus-value sociale ? Où est le progrès lorsque l'on remplace un fonctionnaire par un intérimaire ? La privatisation et l'externalisation des services publics suivent un mouvement clair depuis les années 1980, qui consiste à privatiser des services de plus en plus proches du cœur de l'État et des pouvoirs régaliens.

Mais la nouveauté du quinquennat Macron, c'est l'infiltration d'un cabinet de conseil en stratégie, qui, pour plusieurs millions d'euros, a conseillé directement l'Élysée sur la crise sanitaire de la covid-19. Jusqu'alors, les cabinets de conseils ne travaillaient pas officiellement pour l'Élysée.

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