Intervention de Jean Castex

Séance en hémicycle du mardi 22 juin 2021 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la programmation militaire suivie d'un débat et d'un vote

Jean Castex, Premier ministre :

Ils attaquent nos systèmes démocratiques de façon insidieuse et désinhibée. Pour construire un modèle complet et équilibré, capable de faire face à ces menaces présentes et futures, le Président de la République a donné l'impulsion nécessaire à une transformation profonde de nos armées.

Le premier objectif, le plus urgent, était de réparer les armées dont les matériels étaient usés et vieillissants. Cette dégradation était tout juste compensée par la ténacité et le professionnalisme de nos soldats, marins et aviateurs, dont l'engagement est allé bien au-delà de ce que prévoyaient les contrats opérationnels. Réparer consiste à redonner dès à présent à nos armées les moyens de remplir durablement les missions qui leur sont confiées. Le second objectif était de préparer l'avenir, c'est-à-dire d'anticiper, de moderniser et d'innover, afin que nos forces puissent disposer de suffisamment de matériels au meilleur niveau technologique et faire face à des menaces nouvelles.

C'est pour réaliser cette double opération de régénération et de modernisation que la LPM a consacré une hausse historique du budget militaire. La force de nos armées – et donc notre capacité à rester maîtres de notre destin aux côtés et avec nos voisins européens – dépend de notre volonté de nous inscrire dans le temps long. Pour cela, il fallait d'abord en finir avec des budgets en décalage avec nos besoins.

Depuis le début des années 2000, plusieurs dizaines de milliers de postes ont été supprimés et, comme l'a dit le Parlement, les crédits des lois de programmation successives ont été trop souvent sous-exécutés. Alors même que nos armées étaient fortement engagées en opérations, ces ressources insuffisantes ont dégradé fortement les conditions d'exercice du métier militaire et entraîné des renoncements et des décalages capacitaires importants.

C'est à cette situation que nous avons entendu mettre fin. Alors qu'il était resté autour de 30 milliards d'euros au cours de la période 2007-2015, le budget annuel a été porté à près de 40 milliards d'euros, seuil symbolique qui sera dépassé dans le projet de loi de finances pour 2022. Concrètement, le budget a été augmenté de 1,8 milliard d'euros en 2018, puis de 1,7 milliard d'euros pendant toutes les années suivantes.

Au total, durant le quinquennat, le budget annuel des armées aura augmenté de plus de 25 %. Sur la même période, le cumul des ressources supplémentaires apportées par ces hausses représente 27 milliards d'euros, soit plus de deux années de budget d'équipement, ce qui traduit une accélération sans précédent de l'investissement pour nos armées. Signalons surtout un fait que je qualifierai d'historique au vu de l'exécution des précédentes LPM : les ressources et objectifs que vous avez votés sont strictement respectés. Dès 2018, les lois de finances initiales ont été exécutées conformes. Dès 2019, elles ont été votées et exécutées de manière conforme à la LPM adoptée par le Parlement. Nous préparons la loi de finances pour 2022, et donc la mise en œuvre de la LPM pour le prochain exercice budgétaire, dans le même esprit.

L'application de la LPM a produit des résultats tout à fait significatifs. Depuis quatre ans, notre outil de défense remonte en puissance dans tous les domaines – et cela se voit. En premier lieu, nous avons pris des mesures à hauteur d'homme, permettant d'améliorer le quotidien de celles et ceux qui choisissent le métier des armes. Des mesures très concrètes ont permis d'améliorer leurs conditions de vie, d'entraînement et de combat. Nous avons ainsi investi de manière inédite dans les infrastructures – notamment dans les casernes –, dans l'attention portée aux familles et à leur logement, mais aussi dans l'accompagnement des carrières – notamment grâce à la mise en place d'une politique de rémunération plus moderne et plus juste.

Parallèlement, nous avons accéléré la modernisation de nos équipements. Je pense d'abord à notre dissuasion nucléaire, dont le renouvellement des composantes aériennes et sous-marines est désormais engagé. Je pense aux nouveaux véhicules blindés conçus dans le cadre du programme SCORPION (synergie du contact renforcée par la polyvalence et l'infovalorisation), qui renforcent considérablement la puissance de feu et la protection de notre armée de terre. Je pense à notre marine, dotée de nouveaux sous-marins de type Suffren, de frégates multimissions (FREMM) et bientôt d'un nouveau porte-avions, pour lui permettre de faire face aux nouveaux défis posés par les perturbateurs de l'ordre international sur mer.

Je pense à notre armée de l'air, que sa flotte d'avions de chasse et de drones armés mettra au niveau des menaces les plus exigeantes, et qui a enfin pu renouveler son parc d'avions de transport et de ravitailleurs.

En outre – ce n'est pas le point le moins important –, ces forces plus modernes seront valorisées par une autonomie stratégique renforcée, grâce à un effort inédit mais indispensable en matière de renseignement. Dans ce domaine en particulier, la lutte contre le terrorisme exigeait, vous l'avez souvent relevé, un investissement majeur. Nous l'avons consenti : entre 2019 et 2023, le montant annuel moyen du budget de renseignement atteindra environ 400 millions d'euros, contre 260 millions d'euros en moyenne entre 2014 et 2018. Nos services de renseignement verront leurs effectifs augmenter : 25 % des créations de postes prévues dans la LPM leur seront consacrées. De nouvelles capacités seront développées, en particulier pour intercepter les communications des groupes terroristes. Le fonctionnement de nos services sera modernisé : la construction d'un nouveau siège pour la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), récemment confirmée par le Président de la République, en constituera une illustration emblématique.

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