Intervention de Bertrand Pancher

Séance en hémicycle du mardi 22 juin 2021 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la programmation militaire suivie d'un débat et d'un vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

Quel est le sens de ce débat sur la loi de programmation militaire, organisé entre les deux tours des élections régionales et départementales ? Je vais évidemment revenir sur l'application de cette loi mais, pour le dire simplement, notre stratégie de défense nationale, notre armée et nos militaires méritent mieux, ici au Parlement, qu'un débat vite expédié.

Je saisis cette occasion pour rendre un vibrant hommage à l'ensemble de nos soldats engagés sur le terrain pour assurer notre sécurité et garantir notre indépendance, parfois au prix de leur vie. Ils n'exercent pas un métier comme les autres : ils défendent notre pays, nos valeurs, notre culture, notre liberté et nos intérêts dans le monde.

Je voudrais les remercier pour leurs engagements si nécessaires pour la France, pour les valeurs que nous défendons dans un contexte de développement des menaces que nous avons tous à l'esprit, mais aussi dans un contexte de développement de la violence en direction de trop nombreuses populations dans le monde. Comme l'a dit Térence deux siècles avant notre ère : « Je suis un homme ; rien de ce qui est humain ne m'est étranger. » Je veux évidemment saluer ici même la mémoire des trente-huit soldats français morts en opérations extérieures depuis 2018.

Trois ans ont passé depuis l'adoption de la loi de programmation militaire et nous attendions une véritable actualisation législative avant 2021, comme le prévoit l'article 7 de cette loi, qui n'est donc pas respecté. Or le Gouvernement ne saurait être au-dessus des lois que vote le Parlement. Il en résulte ce débat trop rapide – trois heures – et qui m'interpelle, en particulier au vu des montants engagés et des enjeux.

Le renforcement du lien entre l'armée et la nation, essentiel pour que nos militaires se sentent soutenus, passe par un engagement accru des parlementaires. C'est à nous de vérifier et contrôler les moyens, de prendre le pouls de nos armées et d'accompagner nos militaires.

Vous ne nous laissez pas la possibilité de le faire. Or agir ainsi dans la précipitation, c'est abaisser un peu plus le Parlement et abîmer le lien entre celui-ci et l'armée. Le bon fonctionnement de nos institutions doit en effet voir le débat parlementaire se saisir de tous les aspects – équipement, interventions extérieures, conditions de vie des militaires. Je m'interroge également sur l'état du lien entre la nation et son armée.

Ce débat prend place dans un contexte particulier. Je pense bien entendu, monsieur le Premier ministre, à la tribune des généraux qui a suscité une grande confusion. Aussi, madame la ministre, peut-être vous demanderai-je de répondre sur ce point : existe-t-il un malaise réel chez nos militaires et, si oui, quelle est sa nature et comment y remédier ? On entend souvent parler de défiance généralisée, mais sous quelle forme se matérialise-t-elle ?

Cette loi de programmation, avec les moyens financiers qu'elle consacre, est un outil permettant d'éviter une rupture de nos engagements militaires – 197 milliards d'euros sur la première période de 2019 à 2023 et déjà 39 milliards d'euros pour la mission « Défense » cette année. Je veux saluer le fait que les moyens financiers sont bel et bien là. Vous avez respecté la trajectoire sur les trois premiers exercices.

Cependant, et vous le savez, des efforts financiers beaucoup plus significatifs sont nécessaires pour rattraper nos déficits d'investissements et doivent s'accélérer dans la seconde partie de la programmation. En effet, alors que les hausses annuelles sont actuellement de 1,7 milliard d'euros, elles doivent doubler pour atteindre 3 milliards à partir de 2023. En d'autres termes, les augmentations du budget sont habilement reportées après les élections présidentielle et législatives de 2022.

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