Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du mardi 22 juin 2021 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la programmation militaire suivie d'un débat et d'un vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

On est peut-être les meilleurs par comparaison, mais on n'en reste pas moins très en retard par rapport à ce qu'il est nécessaire de réaliser. Chacun conviendra de la nécessité d'améliorer la sécurité maritime, notamment dans la zone méditerranéenne et dans la zone économique exclusive de la France, dont évidemment les départements et territoires d'outre-mer. Il faut donc concevoir une armée qui soit aussi orientée vers la protection civile et vers la protection de l'environnement ; on l'a vu à l'occasion de l'ouragan Irma ou, très récemment, d'un dégazage au large de la Corse. Une plus forte présence de l'armée en outre-mer – et en Corse, comme l'a affirmé le collègue Castellani la semaine dernière – permettrait une réaction bien plus rapide et ainsi une meilleure efficacité de nos forces armées, je pense notamment aux marins-pompiers. Et cet engagement de protection du territoire donnerait du sens à l'action de nos soldats, ce que nous avions déjà largement souligné en 2018, lors des débats sur cette nouvelle LPM.

Le cas du service de santé des armées (SSA) est également emblématique d'une LPM qui n'est pas allée assez loin. Le SSA fonctionne aussi bien dans des situations de guerre qu'en cas d'attaques terroristes sur notre territoire. En revanche, lors d'une crise sanitaire exceptionnelle comme celle que nous vivons depuis mars 2020, le SSA aurait pu être bien mieux mobilisé s'il avait eu les moyens de le faire.

Certes, des progrès ont été engagés depuis 2017 ; ils font suite aux coupes terribles subies par le SSA au cours de la décennie précédente. La situation reste cependant critique, comme l'ont souligné de nombreux rapports d'information, notamment celui des sénateurs Jean-Marie Bockel et Christine Prunaud en mai 2020.

Malgré la réévaluation des moyens pendant la crise sanitaire, le compte n'y est pas encore. Je pense en particulier à la réouverture de l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris, établissement qui a terriblement manqué durant la crise sanitaire ; à l'hôpital d'instruction des armées Robert Picqué de Bordeaux, dont la fermeture reste programmée en 2021 ; ou à la difficulté de mettre en place un hôpital de campagne possédant des capacités de réanimation immédiatement opérationnelles. Tout cela n'est pas allé assez loin parce que les moyens ne sont pas extensibles – nous pouvons tout à fait le comprendre –, mais aussi et surtout parce que certains budgets mobilisent beaucoup trop de ressources du ministère des armées.

Pour les députés communistes, c'est évidemment le nucléaire militaire qui pose problème : vous avez voulu moderniser l'arsenal nucléaire français et la sacro-sainte dissuasion pour un coût absolument exorbitant de 37 milliards d'euros entre 2019 et 2025, soit 14,5 millions d'euros par jour et l'équivalent de près de 10 % du budget des armées. Le programme de dissuasion nucléaire bloque trop d'initiatives qui seraient bien plus utiles et concrètes – le Gouvernement gagnerait sans doute à œuvrer toujours plus au désarmement international, de manière à ce que les budgets militaires diminuent partout dans le monde. Dès le départ, c'était l'objet principal de notre opposition à la LPM.

Je le redis : je salue l'engagement de la France dans l'espace. C'est utile, même si la question portera aussi sur la militarisation ou non de l'espace. Comment allons-nous nous positionner alors qu'il existe, pour l'instant, un grand vide juridique international ?

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