Tout d'abord, je veux rendre hommage aux trois soldats français blessés hier dans une attaque à Gossi, au Mali.
Parce que l'armée française est la première armée d'Europe, parce que nos soldats comptent parmi les plus aguerris et que leur engagement est sans faille sur tous nos théâtres d'opération, la loi de programmation militaire se doit d'être à la hauteur des menaces et des enjeux stratégiques auxquels nous sommes confrontés, mais aussi à celle des attentes de nos concitoyens, de leur sécurité et de la protection des intérêts de la nation partout dans le monde.
La loi de programmation militaire vise à disposer d'un modèle d'armée complet afin de pouvoir intervenir sur l'ensemble du spectre des conflictualités. Elle affirme ainsi une singularité française. Et c'est parce que nous affichons cette volonté, dans un contexte stratégique fortement dégradé, que nous avons peut-être une responsabilité plus grande encore, celle d'entraîner nos partenaires européens dans notre sillage. Cela explique aussi l'ambition, clairement exprimée par le Président de la République, d'acquérir d'avantage d'autonomie stratégique. Or, la souveraineté européenne ne peut être garantie que si nous disposons de moyens militaires et technologiques suffisants, et d'une capacité à nous projeter sur tous les théâtres d'opération. À cet égard, la France se déploie aux côtés de ses partenaires en Méditerranée orientale, dans le détroit d'Ormuz, dans la région indo-pacifique, partout où il s'agit de faire respecter la liberté de navigation.
Madame la ministre, cette LPM tient ses promesses. Grâce aux moyens rénovés de nos armées, nous poursuivrons la lutte contre le terrorisme aux côtés de nos alliés. Au Sahel, nous avons été les initiateurs de la task force européenne Takuba, lancée en juillet 2020, composée de forces européennes spécialisées dans la lutte antiterroriste. Alors que Takuba est vouée à monter en puissance en raison du retrait progressif de l'opération Barkhane du Mali, l'implication croissante de nos partenaires européens est à saluer, notamment celle de l'Allemagne, qui compte pas moins de 1 700 hommes au sein de la mission de formation de l'Union européenne au Mali (EUTM) et de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) – vous l'avez peut-être oublié, mes chers collègues. Par ailleurs, la France est à l'origine de l'initiative européenne d'intervention (IEI). Créée en 2018, elle a pour mission de favoriser l'émergence d'une culture stratégique commune et de faciliter ainsi les futurs déploiements conjoints.
Au plan capacitaire, la France défend l'idée d'une autonomie stratégique, qui procède de la capacité à décider et agir de manière coordonnée. Pour cela, la France s'appuie sur les instruments de la politique de sécurité et de défense commune, tels que la coopération structurée permanente, au sein de laquelle la France est active dans trente-six projets sur quarante-six. La France compte également sur le FEDEF, le Fonds européen de la défense, première pierre d'un budget européen destiné à la défense.
Notre pays s'attache également à la structuration de programmes majeurs menés en coopération avec d'autres pays, comme l'avion de transport militaire A400M, l'hélicoptère NH90 et l'Eurodrone, dont le développement commencera bientôt. Il en va de même pour le futur système aérien de combat, baptisé SCAF, projet que nous menons aux côtés de l'Allemagne et de l'Espagne, ou encore du futur char de combat MGCS. Ces grands programmes constitueront le réservoir des technologies que nous aurons à développer à l'horizon 2030 et au-delà, sous peine de risquer un déclassement stratégique qui nous laisserait dépendants et tributaires d'un éventuel découplage stratégique entre les États-Unis et la Chine.
Il est donc indispensable de maintenir notre base industrielle et technologique de défense (BITD), par la voie d'une recherche et développement (R&D) toujours à la pointe…