« Un seul mensonge fait plus de bruit que cent vérités » : cette citation de Georges Bernanos prend tout son sens alors que vous vous apprêtez à voter et à imposer à l'ensemble des Français les nombreuses mesures controversées contenues dans ce projet de loi. Et parce que les lois de bioéthique ne sont pas, ne vous en déplaise, des lois comme les autres, j'ai décidé de déposer pour la troisième fois une motion de rejet pour tenter, jusqu'au bout de cette navette parlementaire, de vous faire entendre raison sur ce texte qui nous positionne au seuil d'un véritable équinoxe moral.
Je sais que le mot « morale » vous déplaît car cette sagesse transmise par des générations vous semble d'un autre temps, d'une autre époque, d'un passé que vous rejetez. Parler d'héritage anthropologique vous révulse : parfois, je me demande si nous parlons du même monde, des mêmes hommes, des mêmes femmes et, surtout, des mêmes enfants. Oui, le bon sens existe ! Oui, un enfant naît d'un homme et d'une femme. Oui, un enfant a besoin, ne vous en déplaise, d'un père et d'une mère. L'un et l'autre sont essentiels pour l'enfant. En être privé est toujours un manque et un drame.
En disant cela, je ne mets évidemment pas en cause l'amour que deux femmes ou deux hommes peuvent porter à l'enfant qu'ils ont choisi d'élever. Pour vous, tout n'est qu'affaire d'égalité, vous n'avez que ce mot à la bouche. L'égalité, oui, mais pas n'importe laquelle : celle entre les enfants ne vous intéresse pas puisque vous créez sciemment une discrimination entre ceux qui auront le droit d'avoir un père et ceux à qui vous allez l'interdire à tout jamais puisque vous les privez même d'une reconnaissance en paternité à leur majorité ; pas d'égalité non plus entre les hommes et les femmes puisque les premiers ne peuvent évidemment pas bénéficier de la PMA.
Mais vous avez réponse à tout et cette réponse a un nom, celui, malgré vos dénégations, de GPA : en effet, la gestation pour autrui sera légalisée demain en France au nom de cette fameuse égalité et quoi que vous en disiez. Vous vous apprêtez d'ailleurs à reconnaître celles qui sont pratiquées à l'étranger au nom – c'est un comble ! – de l'intérêt supérieur de l'enfant, qui vous importe si peu par ailleurs. On l'aura compris, une seule chose compte à vos yeux, le désir réalisé de l'adulte. Du coup, ce désir – légitime, bien sûr, mais doit-on satisfaire tous les désirs ? – se transforme en un droit où l'enfant est chosifié, fantasmé, implanté et, finalement, payé.
C'est dans cette logique marchande – oui, marchande – que vous inscrivez ce projet de loi puisque les gamètes seront vendus demain à prix d'or pour engendrer quand l'adulte l'aura décidé. L'adulte encore une fois, l'adulte toujours. L'adulte qui crée, même s'il s'en défend, un droit à l'enfant, à sa marchandisation, à sa programmation et à sa sélection. Pourquoi s'en priverait-il d'ailleurs puisque, dans votre monde, les seules limites sont celles de la science ? Un monde qui aura pour éthique la PMA post-mortem ou la PMA pour les transsexuels. Un monde qui ne sourcille déjà plus à l'idée de créer des chimères entre animaux et humains ou des gamètes et des embryons synthétiques. Un monde qui voit l'embryon humain non comme un enfant à naître mais comme une matière première sur laquelle on peut faire des recherches jusqu'à quatorze jours et que l'on peut modifier génétiquement. Un monde glacial qui supprime le délai de réflexion d'une semaine pour une interruption médicale de grossesse au nom – vous ne reculez devant rien ! – de l'émancipation de la femme. Un monde qui s'interroge : est-il éthique d'avorter un enfant jusqu'à la veille de sa naissance lorsque sa mère se trouve dans une situation psychosociale ?
Étrange époque dans laquelle la science sert de caution aux pires égarements. Finalement, vous proposez une société qui a perdu la tête,…