Intervention de Aurore Bergé

Séance en hémicycle du mardi 29 juin 2021 à 15h00
Bioéthique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurore Bergé :

Nous sommes ici à l'issue d'un très long processus parlementaire. Le processus a commencé avec les Français eux-mêmes, lors des états généraux de la bioéthique et de la consultation du pays.

Le Président de la République souhaitait que cet important projet de loi de révision des lois de bioéthique, plutôt que de servir de prétexte pour réveiller de mauvaises consciences, soit l'occasion de se réconcilier autour de droits nouveaux et au travers d'enjeux scientifiques. C'est bien ce que nous avons permis, pendant cent soixante heures d'examen en commission spéciale, cent quarante-huit heures d'examen en séance publique et au travers de l'examen des milliers d'amendements défendus tant en commission spéciale qu'en séance.

Le débat a été fructueux, même si, je pense pouvoir le dire, il s'est malheureusement dégradé au fur et à mesure de nos séances. J'ai en mémoire la première lecture du texte, qui m'a profondément interpellée en tant que parlementaire. Dans cet hémicycle, nous avons montré, comme jamais auparavant sur aucun texte, notre capacité à écouter, à accueillir la parole de l'autre, en considérant que nous ne savons pas tout, qu'il n'y a pas d'un côté le camp du bien et de l'autre le camp du mal, que nous avons tous le droit, en somme, d'exprimer des opinions et des convictions fortes.

Toutefois, il arrive un moment – c'est le cas aujourd'hui – où ces convictions s'affirment au travers d'un vote définitif, qui permettra des avancées selon moi essentielles.

Ces avancées concernent d'abord la recherche. Même si nous en avons moins parlé, elles sont là. En cette année particulière, il importe de commencer par elles, par l'affirmation de notre confiance dans les chercheurs, les scientifiques, dans celles et ceux qui permettent de vivre de nouveau normalement, dans notre pays et à travers le monde. Cette confiance, que nous leur devons, doit aussi se traduire dans notre manière d'envisager la recherche scientifique.

Non, demain, en aucun cas il ne sera possible, dans notre pays, de créer des embryons à des fins de recherche. Ce n'était pas possible hier, ce ne le sera pas plus demain.

Oui, en revanche, nous accordons à nos chercheurs davantage de liberté dans leur travail sur les cellules-souches pluripotentes. Concrètement, nous ne pouvons pas, d'un côté, prévoir davantage de fonds pour la recherche sur les cancers pédiatriques et pour les soins dispensés à nos enfants lors de l'examen des projets de loi de finances et, de l'autre, voter contre des avancées nécessaires de la recherche ! Nous accomplissons un pas essentiel en bornant ce qui doit l'être et en accordant davantage de libertés à ceux qui se conduisent déjà de manière extrêmement responsable.

Pensons aussi au don d'organe. Combien de fois avons-nous été sollicités par des personnes en souffrance, qui en attendent pour leur famille ? Nous avions la responsabilité, le devoir, de faciliter ces dons dans notre pays. À la suite de nombreuses lois, nous consacrons une nouvelle fois cette possibilité aujourd'hui ; c'est l'honneur de notre assemblée.

Je finirai par la PMA, car c'est le sujet qui a suscité la plus forte polarisation. Quand il est question des droits des femmes, certains considèrent toujours que l'on peut attendre, que les femmes peuvent attendre, qu'elles ne sont pas prioritaires ; ils disent qu'en temps de crise, on pourrait à nouveau prendre le temps. Or, ce temps, nous l'avons pris lors de l'examen parlementaire, et des milliers de femmes ne peuvent pas attendre car elles n'auront plus la possibilité, dans quelques mois, dans quelques années, d'accéder à la PMA. Alors non, elles n'ont pas le temps d'attendre et, pour elles, le débat a été suffisamment éclairé, suffisamment long. Il était important qu'enfin, ce nouveau droit soit consacré. C'est un droit qui n'enlève rien à personne.

J'entends, sous les fenêtres de l'Assemblée nationale, ceux qui prétendent défendre les droits des enfants, tout en les instrumentalisant. Ils trouvent pertinent de diffuser les enregistrements de voix d'enfants de 4, 5 ou 6 ans, qui prononcent des paroles qu'ils ne comprennent probablement pas.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.