Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du mercredi 30 juin 2021 à 15h00
Respect des principes de la république — Article 8

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Cela vous fait peut-être lever les bras au ciel, mais cela blesse aussi nombre de gens. Pendant 130 ans, l'Algérie faisait partie de la France et il s'y est passé des choses intéressantes, des choses sordides aussi. Pensez-vous vraiment que les universités accordent une place importante à la recherche sur l'histoire coloniale de la France ? En réalité, cela représente bien peu de chose. Aujourd'hui, quelques publications commencent à paraître ; quelques jeunes chercheurs s'intéressent au sujet ; une partie de la jeunesse française, souvent parce que les parents et les grands-parents ont vécu cette période, est choquée de constater que dans les bibliothèques, les ouvrages qui lui sont consacrés sont rares. Certains ont envie d'étudier cette partie de l'histoire nationale et de la replacer dans le grand récit national. Ils s'insurgent contre le fait qu'elle en est aujourd'hui effacée. Il faut les remercier de chercher à comprendre pour quelle raison cette part de l'histoire de France est totalement passée sous silence, pourquoi notre cinéma français en parle si peu, pourquoi notre monde universitaire en parle si peu. De grands universitaires ont ouvert la voie et il faut les en remercier.

Ne plaquez pas les exemples anglo-saxons faute de comprendre notre histoire nationale pour empêcher qu'un débat s'engage. Il y a des aspects négatifs dans ce qui se passe aux États-Unis. La volonté du monde universitaire français d'étudier l'histoire coloniale s'inscrit précisément dans une démarche républicaine et patriotique. Cela me semble plutôt sain. Si vous refusez qu'un tel travail soit mené, si vous traitez d'antirépublicains, d'indigénistes, voire d'ennemis de la République ceux qui veulent le faire, vous ne rendez pas service à notre histoire nationale.

Oui, je tords un peu le sujet, mais pour quelle raison la toponymie, le nom de nos rues, ne rend hommage qu'à des hommes ou presque ? Pourquoi si peu de femmes ? Pourquoi nos statues, nos bâtiments rendent-ils si peu hommage à des femmes et des hommes liés à l'histoire coloniale qui, parfois au nom des valeurs de la France, ont lutté contre le colonialisme ? C'est intéressant. Cela m'intéresse parce que j'aime la France et l'histoire de France. Je n'aime pas quand l'histoire est amputée, quand ce qui a été une réalité pendant des siècles reste dans l'ombre. Vous voulez une histoire de France rabougrie, raccourcie, amputée.

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