Monsieur le ministre des solidarités et de la santé, alors que la France accueille le Sommet mondial sur la santé mentale, les assises de la santé mentale et de la psychiatrie se sont clôturées mardi dernier par des mesures concrètes sans précédent, avec un engagement portant sur 1,9 milliard d'euros sur cinq ans dès 2022, pour sortir la psychiatrie de son sous-investissement chronique et donner aux professionnels la considération dont ils avaient tant manqué ces dernières années. Comme l'a rappelé le Président de la République, en quarante ans, le nombre de lits a chuté de 200 000 à 40 000. La covid a aussi joué un rôle de catalyseur et de facteur précipitant, nous rappelant parfois avec dureté, comme un miroir grossissant, les fragilités systémiques de l'organisation de tout notre système de soins, dont la psychiatrie ne fait pas l'économie. Citons, entre autres, le cloisonnement encore trop prégnant entre la ville et l'hôpital, entre les acteurs sanitaires, médico-sociaux et sociaux, et entre les soins somatiques et psychiques, qui ont pour conséquence une diminution de treize à seize ans de l'espérance de vie des patients psychiatriques, l'insuffisante gradation des soins, avec un engorgement des secteurs et des services de premier recours, comme les centres médico-psychologiques, les centres médico-psychologiques pédagogiques et les centres médico-psychologiques de l'enfant et de l'adolescent, qui se traduit par un retard de diagnostic pour les patients, ou encore la stigmatisation de la psychiatrie et de la santé mentale, qui éloigne de soins adaptés près de 50 % des personnes en souffrance psychique.
Pour les patients, leurs familles, les professionnels et les citoyens, ces assises tracent avec audace des orientations claires, un engagement financier et humain inédit en matière de prévention, d'organisation, de soins et de recherche pour sortir la psychiatrie de l'état d'urgence. Elles actent, entre autres, des mesures promues dans le rapport de la mission parlementaire de 2019 que j'ai présidée, comme le remboursement des consultations chez le psychologue en ville pour l'ensemble de la population ou le développement des premiers secours en santé mentale.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous préciser les autres mesures phares prises au lendemain de ces assises pour désengorger les services, rénover les établissements, développer des équipes mobiles, améliorer les prises en charge ambulatoires et, devant la souffrance psychique en France, assurer à chacun, dans l'égalité et la dignité territoriales, l'accès aux soins.