Le 17 juin dernier, le Président de la République a déclaré la lecture grande cause nationale pour les années 2021 et 2022 ; par cette affirmation, Emmanuel Macron a entendu alors donner toute sa place au développement de la filière du livre, nous rappelant par la même occasion qu'une société ne peut exister sans lecture. C'est pourquoi je me réjouis que l'examen de cette proposition de loi ait lieu le même jour que celui de la proposition de loi visant à améliorer l'économie du livre, un texte qui permettra, j'en suis convaincu, d'assurer un soutien renforcé auprès de cette filière qui connaît aujourd'hui encore d'importantes difficultés.
Mais si nous voulons toucher l'ensemble des citoyens, sans distinction aucune, par la réalisation de l'objectif présidentiel, les bibliothèques ancrées au plus près de nos territoires doivent également être au cœur de notre stratégie. La proposition de loi dont nous discutons s'inscrit dans ce mouvement puisqu'elle vise à définir un cadre législatif précis et ambitieux pour les bibliothèques, cadre qui s'articulera autour de trois principes que sont la liberté d'accès, la gratuité et le pluralisme des collections.
Avant d'aller plus loin, je souhaite revenir un instant sur les travaux législatifs qui ont permis d'aboutir à la présente proposition de loi. En effet, cela fait quelques années maintenant qu'une réflexion politique a été entamée aussi bien sur le statut juridique des bibliothèques que sur les évolutions envisagées quant à leurs missions. Dans ce cadre, je tiens à saluer le travail parlementaire mené au sein de nos deux chambres, qui a conduit à la publication du rapport d'Erik Orsenna et Noël Corbin d'une part, et du rapport d'information de Sylvie Robert et Colette Mélot d'autre part, dont les conclusions ont dessiné les contours du texte que nous examinons. De ces travaux a en effet émergé une proposition de loi équilibrée qui, par la révision de leur statut et de leurs missions, traduit le mouvement d'ouverture opérée par les bibliothèques ces dernières années. Les échanges que nous avons eus en commission ont ainsi témoigné du consensus qui nous unit quant aux objectifs poursuivis et au dispositif présenté, ce qui nous a permis d'intégrer des dispositions allant dans le bon sens.
Ainsi, l'article 1er s'attache à un travail de définition des bibliothèques au sein du code du patrimoine. Cette disposition apparaît essentielle puisqu'elle participe de la reconnaissance du rôle central des bibliothèques en tenant compte notamment de leurs missions, moins visibles mais bien réelles. Le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés adhère totalement aux amendements votés en commission qui rappellent que les missions de médiation, de coopération et de développement de la lecture publique sont inhérentes aux bibliothèques.
Sur cet article, tout comme d'ailleurs sur l'article 5, notre groupe défendra des amendements visant à ajouter la diffusion et la promotion du patrimoine linguistique aux principes fondamentaux applicables aux bibliothèques. En effet, alors que depuis 2008, la Constitution reconnaît les langues régionales comme faisant partie intégrante du patrimoine de la France, il est essentiel que les bibliothèques aient aussi à cœur de promouvoir la richesse et la diversité de celui-ci. Nous soutenons également l'inscription, à l'initiative de la rapporteure, du principe de mutabilité parmi ceux que les bibliothèques doivent respecter car, à l'heure du tout numérique, il est important qu'elles soient en mesure d'adapter leurs services aux évolutions technologiques et aux usagers.
S'agissant de l'article 5, l'amendement que nous avons adopté en commission afin de rappeler que les collections des bibliothèques doivent être exemptes de toute forme de censure idéologique, politique, religieuse ou de pression commerciale, semble plus que jamais nécessaire au moment où notre assemblée vient d'adopter un texte qui vise à interdire les thérapies de conversion.
À l'article 8, un amendement de notre collègue Blandine Brocard sera l'occasion d'obtenir des précisions de votre part, madame la ministre, quant aux qualifications attendues des agents des bibliothèques. En effet, dans les petites communes, celles-ci ne tournent que grâce à l'action de bénévoles. Pouvez-vous nous assurer qu'elles pourront continuer à travailler dans ce cadre ?
Enfin, notre groupe approuve tout particulièrement la possibilité pour les bibliothèques de céder à des associations ou à des fondations les ouvrages dont elles n'auraient plus l'usage. Cette mesure leur permettra de lutter contre ce non-sens qu'est le gaspillage de livres tout comme de participer à l'économie circulaire. La possibilité pour les associations philanthropiques et pour les entreprises de l'économie sociale et solidaire – telles qu'Emmaüs – de revendre les ouvrages et les CD reçus dans ce cadre nous apparaît essentielle et nous nous réjouissons qu'une telle disposition ait été adoptée en commission.
Pour l'ensemble de ces raisons, l'heureux député que je suis d'avoir, dans sa circonscription, entre autres villes, Laxou qui dispose de deux médiathèques, l'une municipale, l'autre départementale, confirme que le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés votera en faveur de l'adoption du texte.